RODÉO

Une évocation douce amère du lien père-fille

Serge Jr partage avec sa fille Lily, 9 ans, un moment complice lors d’une course de camions. Mais le lendemain, sa mère, Jess, vient chercher celle-ci, fâchée, lui rappelant les règles sur lesquelles ils s’étaient mis d’accord. Se mêlant de l’affaire, le nouveau compagnon de celle-ci se fait violemment tabasser par Serge Jr. Lors du week-end suivant durant lequel il est censé avoir la garde de Lily, Serge Jr vient la chercher, mais trouve porte close et découvre un panneau « vendu » devant la maison de son ex-femme. Il décide alors d’aller chercher Lily au judo, pour l’emmener dans l’Alberta, au légendaire Badlands World’s Best Truck Rodeo…

Le film québecois "Rodéo" est un drame intimiste qui nous plonge au cœur d’une relation père-fille, aussi complice que perturbée par les mensonges du père, dont la fille n’est peut-être pas si dupe. Nous plongeons d’emblée dans le monde des courses et du tuning de camions, la metteuse en scène Joëlle Desjardins Paquette n’aura de cesse de nous montrer le contraste entre la réalité sociale difficile du jour, et les couleurs néons de la nuit. Car dès la première course, la puissance des engins, ceinturés de fumée noire, laisse la place à un monde nocturne festif orné de lumières colorées. Ces traits de lumière (verte) qui entourent aussi l’objet de fantasmes, le puissant camion du père, que celui-ci bichonne telle une compagne, accompagneront cette virée familiale improvisée, qui aura pour vocation à créer des souvenirs communs.

Car ici aucun des personnages n’est dupe, pas même le spectateur. Le père, interprété avec aplomb par Maxime Leflaguais, sait très bien que son mode de vie n’est pas adapté à sa fille, entre piranhas à nourrir, potes qui squattent chez lui, ou incapacité à faire cuire de simples gâteaux, et que ses actes finiront par avoir des conséquences. Quant à sa fille, formidable Lilou Roy-Lanouette, elle se doute que cette virée n’a pas vraiment été autorisée par sa mère. Entre mensonges, dissimulation, c’est vers le chemin d’une certaine honnêteté réciproque que le scénario les entraîne. Esthétiquement travaillé, aux cadres soignés, "Rodéo" se pose ainsi en drame familial touchant, offrant au passage une traversée du Canada en forme de cul de sac annoncé.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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