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RODÉO

Un film de Gabriel Mascaro

Magnificence documentaire du rodéo brésilien, désespoir d’une fiction médiocre

Irémar travaille dans le milieu des vaquejadas, rodéos traditionnels du Nord du Brésil, et trace sa route avec ceux qui comme lui vivent de ces manifestations. Pourtant, lui, souhaiterait sortir de ce monde et se rêve en styliste...

Les nouvelles du Brésil ne sont pas si fréquentes. Le film « Rodéo » nous donne l’occasion de découvrir l’univers étonnant des coulisses des populaires rodéos de la région du Nordeste brésilien consistant à mettre un taureau à terre par 2 cavaliers à cheval en l’attrapant par la queue. Nous suivons ainsi les pérégrinations du héros, Irémar, préparateur des vaches avant leur entrée en scène (entretien, mise en pli…).

Ce denier partage le quotidien de plusieurs personnes gravitant autour du camion itinérant qui transporte les vaches de rodéo en rodéo et qui leur sert de toit, formant ainsi une famille de substitution : une mère, chauffeuse du camion et sa fillette, ainsi que Zé, qui s’occupe aussi des vaches. Irémar cherche à s’extraire de cet univers à la fois précaire et très physique, dominé par la chaleur et la poussière, en s’investissant dans la confection de vêtements de mode.

L’intérêt (relatif) du film tient moins du contraste entre l’univers viril des cowboys brésiliens et l’aspiration du héros à devenir styliste de mode (choc des cultures garanti) qu’à la description quasi-documentaire d’un aspect dépaysant et inédit du quotidien brésilien (les rodéos), portée par une photographie travaillée pleine de sensualité et d’esthétisme dont le titre initial du film se faisait l’écho mystérieux (« Néon bull »).

Malheureusement, si la possibilité de pouvoir découvrir une facette à la fois méconnue et étonnante de la vie au Brésil constitue incontestablement l’intérêt majeur du film, on peine en revanche à s’intéresser aux tribulations existentielles du héros dans le monde de la mode et aux poses affectées du cinéaste autour de la question de l’identité sexuelle, qu’il cherche maladroitement à déconstruire en utilisant régulièrement la figure de l’inversion pour, croit-il, mieux déjouer les attentes du spectateur (femme au volant du camion, cowboy aspirant styliste…). La maladresse culmine dans une scène interminable et pénible de coït entre le héros et une femme enceinte jusqu’au cou (car ici, on tombe enceinte avant de faire l’amour). Une semi déception pour ce prix spécial du jury Orrizonti au festival de Venise 2015.

Nicolas Le GrandEnvoyer un message au rédacteur

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