ROCK THE CASBAH
Ça rock à Gaza !
Quatre jeunes Israéliens se voient envoyés à Gaza au début de la première Intifada. N’étant absolument pas préparés à ce qui les attendaient, ils se retrouvent au milieu d’une poudrière ingérable dont la situation se détériore chaque jour. Affectés sur un toit, ils vont tâcher d’effectuer leur mission comme ils le peuvent…
Passionné par les films de guerre depuis toujours, c’est tout naturellement que le cinéaste israélien Yariv Horowitz a décidé de réaliser un long métrage sur le conflit israélo-palestinien, lui-même ayant été enrôlé dans l’armée israélienne durant sa jeunesse. Il nous replonge alors dans le passé, à la fin des années 80, époque où le conflit en était encore aux lancers de cailloux et aux cocktails Molotov plus qu’aux roquettes. S’inspirant de sa propre histoire, le réalisateur retrace les aventures de quatre jeunes soldats dont l’innocence va être mise à rude épreuve face à une réalité qu’ils n’osaient imaginer. Après des débuts accompagnés d’une voix-off, les jeunes troupes sont envoyées sur le terrain, et rapidement « le maintien de l’ordre » se transforme en vrai conflit, en particulier après le décès d’un des soldats. Chargés de retrouver le coupable, quatre jeunes se retrouvent affectés sur un toit pour surveiller le village, espace réduit dans lequel ils doivent cohabiter. Et c’est ainsi qu’un enragé de la gâchette, un gars bienveillant, un obsédé de la nourriture et un dont le service se termine dans un mois se retrouvent à vivre ensemble toute la journée, apprenant à se connaître pour s’occuper.
La véritable force du métrage est ainsi de concentrer ses enjeux sur un cadre spatio-temporel minimaliste, les caractères diversifiés des protagonistes permettant de développer une réflexion sur ce conflit, en particulier grâce à des échanges verbaux virulents d’une grande qualité. La caméra, au plus proche de ces soldats israéliens, n’apporte, pour autant, aucun parti pris, se contentant de montrer les faits abruptement. Grâce à un scénario extrêmement intelligent, balayant les préjugés et les opinions préconçues, l’humour va venir apaiser le climat anxiogène d’une guerre qui ne porte pas son nom, où tout l’enjeu est de savoir si ces enfants ennemis sont justes des mômes ou des mini-terroristes. Néanmoins, si le film ne prend pas partie, il n’empêche pas de poser des questions polémiques, comme la manière dont les soldats traitent la population où l’intérêt de se battre pour Gaza.
Entre rire et drame, le cinéaste nous offre le portrait touchant de quatre jeunes qui imaginaient une réalité bien plus calme et paisible que celle à laquelle ils sont confrontés. L’émotion est palpable, portée par un quatuor d’acteurs au diapason, notamment lors de ces scènes où ceux-ci s’amusent à imaginer leur futur ou évoquent leur vie hors de la zone de bataille. Et comme pouvait le laisser présager le titre, la musique va occuper une place essentielle dans "Rock the Casbah". Au rythme de différentes sonorités rock ou dansantes, des Clash à Boney M, la radio va être une échappatoire pour ces soldats, un moyen de s’évader le temps de quelques instants. Et sur le camp, ce n’est pas par hasard si la scène la plus drôle est due à un girls-band venue détendre les combattants. Construite comme une parenthèse de cette histoire tumultueuse, ce long-métrage parvient à évoquer le conflit avec une vérité touchante, évitant la polémique pour se concentrer sur la sincérité et l’émotion. Et à l’image de la relève finale des soldats, où le soleil sépare les anciens des jeunes naïfs, nombreux sont ceux qui ont perdu leur innocence en découvrant ces horreurs. Si Yariv Horowitz a ressenti le besoin d’exorciser son passé, on ne peut que se satisfaire qu’il l’ait fait avec une mise en scène léchée et des situations intelligentes, réussissant même à faire rire le spectateur.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE