ROCK FOREVER
Loose footloose, c’est vraiment trop la loose !
Vous vous attendez à un film de cinéma hommage au rock des années 80 version Queen, The Rolling Stones, Midnight oil ou plus hard version Aerosmith, Poison, Scorpions, Guns n’ roses… Alors désolé de vous décevoir, mais passez votre chemin ! À part deux ou trois titres qui résonnent bien au son de la guitare électrique « Rock forever » est davantage du niveau de Tina Turner, Bon Jovi ou Cyndi Lauper. Mais quelle supercherie ! Pourquoi vendre un film rock quand on est au degré presque zéro du rock and roll ? Il se serait intitulé « Dirty dancing 2 » ou « High school musical 4 », l’effet aurait été le même ! Rien à voir donc avec le génie rock de « The Rocky horror picture show » ou « Hedwig and the angry inch », « Rock forever » est plus près de « Footloose » ou de « Glee » mâtiné d’un peu de « Showgirls ».
Soit un film de gamins qu’adoreront peut-être les collégiens en mal de bluette adolescente sur fond de juke-box et qui auront déjà certainement adoré « Hairspray » le précédent film du réalisateur Adam Shankman. Les « métalleux », eux, en seront pour leur frais et vomiront tout ce que contient de sucré, doux, mignon, délicat et tendre ce film que même les excellents seconds rôles ne peuvent sauver de la débâcle. Mal écrit, « Rock forever » se fourvoie dès le début en donnant les rôles principaux à deux jeunes comédiens, sorte de Barbie et Ken, à qui il arrivera les plus absurdes aventures : leur rencontre sur le trottoir (« - Oh zut on m’a volé ma valise » « - Tu veux travailler dans mon bar ? »), leur histoire d’amour nunuche contrariée par un malentendu grotesque puis sa pseudo « descente aux enfers » dans un bar dansant dévêtu ! On accumule les poncifs et les facilités de scénario inutilement, car il y avait bien dans ce film un potentiel énorme, tellement évidemment : l’histoire en arrière-plan autrement plus intéressante et mise en lumière par une pléiade de seconds rôles extraordinaires, soit les dessous de l’histoire du Rock !
En premier lieu, il y a Tom Cruise (largement vendu dans la bande annonce) dans le rôle d'une icône rock avec tout le talent qu’on lui connaît depuis son inoubliable prestation finale dans « Tonnerre sous les Tropiques » : à la chanson et la danse, qu’il maîtrise parfaitement, il ajoute caprices de star, interprétant une vedette dans les étoiles aussi bavarde que son compagnon primate. Assurément du grand Tom Cruise ! Ensuite, il y a son faire-valoir joué avec conviction par Paul Giamatti, monsieur second rôle, toujours excellent, ici dans la peau d’un agent véreux uniquement animé par le doux touché de l’argent. Enfin, il y a le duo Alec Baldwin/Russell Brand, les tenanciers du Bourbon Room, salle de spectacle en difficulté financière. Autant on voit arriver gros comme une maison le développement de leur relation, autant pris séparément, ils sont à mourir de rire.
Mais non. Il aura certainement fallu céder aux sirènes du marketing pour plaire au plus grand nombre et attirer en masse le public adolescent plus prompt à tomber sous le charme d’une histoire d’amour ridicule qu’à se laisser embarquer dans les bas-fonds sordides et les coulisses délirantes du rock. Dommage, le film tourne vite au vinaigre et tombe dans le monde des Bisounours à Hollywood. Même le combat du puritanisme primaire face à la débauche du rock, avec Catherine Zeta-Jones en porte-étendard, finit en eau de boudin. Pourtant, ce n’est pas l’énergie qu’elle déploie qui manque. C’est finalement ça « Rock forever », une belle énergie affichée qui masque l’inconsistance d’un scénario imposteur, déséquilibré et fourre-tout.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur