MON AMI ROBOT
Une bouleversante ode à l’amitié
Dog, un chien, vit dans un appartement de New York dans lequel il se sent bien seul. Il décide alors de se commander un Amica 2000, un robot, pour lui tenir compagnie. Rapidement une complicité se développe entre eux. Mais à la fin d’une journée idyllique à la plage, le robot ne peut se relever. Chien le laisse alors pour la nuit, mais lorsqu’il revient le lendemain, il trouve la plage fermée, jusqu’à la prochaine saison…
En adaptant le roman graphique de Sara Varon, "Rêve de Robot", paru en 2007 (pour l’instant épuisé en France, mais probablement réédité lors de la sortie prochaine du film), le réalisateur espagnol Pablo Berger nous livre un nouveau conte, après sa version noir et blanc et muette de Blanche Neige (le magnifique "Blancanieves") et un récit vengeur et fantastique sur le machisme dans "Abracadabra". Il s’empare de ce récit tendre et cruel à la fois, dont il reprend les traits du dessin, de manière d’autant plus personnelle qu’il a lui-même vécu à New York, où il situe l’action, et connu là-bas des hauts comme des bas. Avec tact, il installe la solitude de son héros, Dog, de manière aussi concrète que symbolique (une partie de jeu vidéo contre lui-même, un repas macaronis-fromage rapide au micro onde, un reflet solitaire dans le téléviseur, et des voisins tout autour de lui qui eux, sont en couple...).
La rencontre et la relation avec le robot qu’il a commandé (avec au passage un petit clin d’œil puisqu’il provient de la BergerCorp) est comme toute relation d’amitié, faite de moments de complicité et d’éloignements, parfois subits, parfois voulus. Faisant du tube disco entraînant "September" de Earth Wind and Fire, un leitmotiv, tel ces souvenirs qui restent gravés en nous, rattachés à une relation ou à un moment spécifique, Pablo Berger réussit à garder une émotion effleurante durant presque tout le long métrage, à partir du moment où les deux amis se retrouvent séparés. Bloqué sur la plage, Robot n’a que son imagination pour s’évader, tandis que Dog fera tout pour le ramener chez lui, avant que le sort ne s’acharne, comme les hasards de la vie. Et si le film, sans dialogues, fonctionne si bien, c’est justement que l’auteur a réussi à s’approprier le squelette déjà riche que lui fournissait le roman graphique, en y injectant encore plus d’humanité, livrant au final un récit universel sur ce qui fait l’amitié (et presque une forme d'amour), dont la fidélité et la nécessaire capacité à laisser l’autre partir. On en ressort autant la gorge serrée que gonflé d’espoir et d’envies de rencontres.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur