RIEN À DÉCLARER
Efficace mais sans surprise
Nous sommes en 1993, le passage à l’Europe entraîne la fermeture de la douane fixe des communes de Courquain en France et Koorkin en Belgique. Ruben Vandervoorde, francophobe jusqu’à la moelle, se doit de faire équipe avec le douanier français Mathias Ducatel, qu’il déteste, avec qui il inaugure la douane volante. Mathias, de son côté, ne sait pas comment annoncer à son nouveau collègue qu’il compte épouser sa sœur avec qui il entretient une liaison secrète depuis un an…
Oublions une seconde cette histoire et regardons en face la raison pour laquelle cette sortie attise la curiosité: trois ans après le succès historique de « Bienvenue chez les ch'tis », Dany Boon revient avec son nouveau film. Vers un nouveau succès démesuré ? C'est à envisager, d'une part en prenant en compte l'excellente côte de sympathie de Dany Boon auprès du public, d'autre part car ce nouvel opus reprend habilement les ingrédients qui ont fait la réussite du précédent.
On remplace le ch'ti par le belge. On garde l'incompréhension initiale entre les deux patries, prétexte à lancer des leçons d'humanité pour enfants de cinq ans (« tu vois, finalement, cette terre, elle est à tout le monde »). L'histoire d'amour est au rendez-vous, plus mielleuse que jamais, et bien sûr, on assiste à des moments de pure comédie où les comédiens s'en donnent à cœur joie. Tout est là, il n'y a plus qu'à lancer tout ce beau monde sur les rails d'un scénario bien huilé mais sans surprise.
Au fond on ne demande pas à être surpris, et Dany Boon, s'il voulait satisfaire le même public qui lui a fait un triomphe en 2008, avait tout intérêt à répondre à cet unique besoin de divertissement qui a ce potentiel de remplir les salles. Sur ce point, on ne peut que reconnaître l'efficacité des situations et des dialogues, portés par un Benoît Poelvoorde comme on l'aime: en totale roue libre. L'ensemble du casting est d'ailleurs finement choisi. On se délectera de retrouver François Damiens, Bouli Lanners ou encore Karin Viard dans des prestations aussi légères qu'hilarantes.
A une semaine d'intervalle sortent « Rien à déclarer » et « Black Swan ». Rien à voir, nous sommes d'accord. Mais comparer les succès respectifs de ces deux films sera intéressant. Si, comme c'est prévisible, la sympathique comédie de Dany Boon passe loin devant le chef d'oeuvre de Darren Aronofsky, c'est que notre cinéaste ch'ti aura bien cerné le premier besoin des spectateurs: le divertissement avant l'émotion, le rire avant le frisson, la consommation avant l'art. Tant mieux pour lui. Tant mieux pour nous ?
Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur