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RHUM EXPRESS

Un film de Bruce Robinson

L’abus de rhum est dangereux pour la créativité

Las de la vie new-yorkaise, Paul Kemp quitte la grosse pomme pour aller s’installer sur l’île paradisiaque de Porto Rico. Engagé par un journal local sur le déclin, le San Juan Star, Kemp s’installe chez le photographe du journal, tous les deux étant de gros consommateurs de rhum, la boisson locale. Kemp rencontre alors Sanderson, un homme d’affaire qui lui propose d’écrire un article élogieux sur son dernier plan véreux et tombe rapidement sous le charme de Chenault, la fiancée de Sanderson...

L’histoire est donc celle (plutôt autobiographique) d’un journaliste imbibé d’alcool 23 heures sur 24, qui se retrouve confronté à un dilemme impliquant son intégrité de journaliste et qui devient obsédé par la petite-amie blonde platine de l’entrepreneur américain véreux sur qui il doit écrire (Aaron Eckhart, en grande forme).

Malheureusement, tout est à peu près dit. À sa décharge, « Rhum Express » est adapté d’un roman écrit en 1959 par un très jeune Hunter S. Thompson (22 ans à l’époque), qui ne le publiera que 40 ans plus tard, alors qu'il était alors déjà trop atteint par une vie d’excès pour en étoffer le contenu.

Pour l’anecdote, Thompson, symbole de la contre-culture américaine et amateur d'alcool et d'expériences limites, avait sympathisé avec Depp et ce dernier lui avait promis de faire porter à l’écran son « Rum Diary ». L’écrivain n’en verra jamais le résultat puisque celui-ci s’est suicidé en 2005, mais Depp a tenu parole.

On doit aussi à Thompson le très bon et complètement barré « Las Vegas Parano », alors adapté à l'écran par Terry Gilliam, avec le même Johnny Depp. Bruce Robinson, qui a aussi écrit l’adaptation du roman et dont le dernier film comme réalisateur date de 1992 (« Jennifer 8 »), n’a malheureusement pas le talent de Terry Gilliam.

Quant à Johnny Depp, il est plutôt convainquant et essaie de faire de son mieux pour interpréter un personnage qui est censé être bien plus jeune que lui. Le reste n’est pas vraiment à la hauteur. Si Aaron Eckart et Richard Jenkins sont crédibles, Amber Heard, qui joue la petite-amie, n’a pas grand chose à montrer mis à part ses faux airs de Scarlett Johansson.

L’histoire de « Rhum Express » est donc un peu trop légère pour nous tenir en haleine deux heures. Dommage, car sa création avait pour origine une belle histoire d’amitié.

Stéphanie PalisseEnvoyer un message au rédacteur

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