LES RÉVOLTÉS
Une histoire d’amour atypique sur fond de crise sociale
Ah ! l’amitié homme/femme, c’est toujours compliqué, surtout au cinéma ! Anja et Pavel se connaissent depuis qu’ils sont petits, ils ont fait les 400 coups ensemble, se sont souvent battus et se connaissent par cœur. Alors forcément, l’inéluctable est arrivé et l’amitié s’est transformée en amour. Sauf que si Pavel a développé ce sentiment-là, c’est beaucoup moins le cas pour la jolie jeune fille, préférant s’amouracher avec un brun ténébreux qui traîne en décapotable. Et comme s’il n’avait pas déjà suffisamment de problèmes, Pavel se retrouve en difficulté quand l’usine dans laquelle il travaille annonce un plan social. À partir de ce moment-là, rien ne sera jamais plus pareil…
Romance aussi bien que tragédie sociale, "Les Révoltés" impressionne surtout par sa propension à multiplier les registres pour développer un récit profondément original où la chronique syndicale se mêle à une histoire d’amour. S’il traite bien du monde ouvrier sans aucun misérabilisme, le sujet du film est ailleurs, il se limite peut-être même au récit initiatique d’un jeune garçon qui ressent le besoin de quitter le monde pour mieux y trouver sa place. Plus romanesque que réaliste, le métrage crée alors une certaine magie dans un entre-deux de tous les possibles, renforcée par un travail sur les contrastes et la lumière.
Interrogeant la morale de chacun sans ne porter aucun jugement, ce premier long-métrage de Simon Leclère bénéficie d’un scénario bien ficelé, sobre et délicat. Mais la qualité de l’œuvre repose également beaucoup sur les épaules de Paul Bartel et ses faux airs de Emile Hirsh, dont le talent avait déjà été aperçu dans "Les Petits Princes". Charmant et parfois cruel, le film s’inscrit dans ces petits détails qui en disent long, ne multipliant pas les dialogues ou les explications. Le résultat n’en est que plus poignant. Simon Leclère s’ajoute ainsi à la longue liste des nouveaux talents à suivre.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur