RÊVES DE JEUNESSE
Film solaire pour questionnements profonds
Salomé retourne dans le village de son enfance afin d’y passer l’été. Elle trouve rapidement un job à la déchetterie du coin. Mais c’est surtout sa rencontre avec Jessica qui va bousculer ses plans, comme de voir surgir de vieux fantômes du passé…
>Onze années que nous n’avions pas eu de nouvelles d’Alain Raoust, depuis son "Été indien" dans lequel Déborah François faisait ses classes. Le réalisateur revient aujourd’hui avec une œuvre totale, poétique et politique, nouvelle exploration de l’âme humaine. Pourtant, "Rêves de jeunesse" démarre très mal, avec une ouverture tristement manichéenne sur une soirée où des adolescents restent rivés à leur téléphone plutôt que de profiter des festivités. Pour nous exposer l’aliénation de la jeunesse aux outils virtuels, nous avons déjà vu plus subtil sur la forme… Mais une fois cette maladresse initiale balayée, le métrage peut véritablement prendre son envol, et nous transporter alors vers des contrées inattendues, où le risible frôle toujours le tragique.
Le temps d’un été, Salomé retourne dans le village de son enfance. Là-bas, elle renouera avec le frère de son premier amour (dont le destin trace un parallèle explicite avec celui de Rémi Fraisse), croisera des personnages hauts en couleur, et deviendra amie avec l’excentrique Jessica (Estelle Meyer, éblouissante révélation). Dans le lieu hautement métaphorique d’une déchetterie, où les bennes bleues, blanches et rouges annoncent fièrement la couleur symbolique du propos, différents êtres égarés vont se retrouver, avec comme point commun de refuser les diktats de la société.
Pour ces individus auxquels aucune case ne sied parfaitement, il n’est pas question de se résigner même si la tentation est forte ; bien au contraire, il s’agit pour eux de lutter, de mener leurs combats, à leur échelle. Et c’est précisément cet entrecroisement de parcours qui fait la force du film, évoquant de nombreux sujets d’actualité sans jamais sombrer dans un quelconque moralisme. Souvent sobre, parfois outrancier, "Rêves de jeunesse" est un savant mélange entre onirisme et réalité crue, entre le pamphlet politique et le conte initiatique, où les émotions des protagonistes dégagent autant de puissance que la portée de leurs discours. Une nouvelle fois, Alain Raoust ose la pluralité des tonalités, et c’est encore une réussite !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
Rêves de jeunesse – Film annonce from Shellac films on Vimeo.