RETOUR DE FLAMME
Une romance sincère et poignante qui se perd en cours de route
Lorsque Luciano quitte le domicile familial pour poursuivre ses études en Espagne, Ana et Marcos se retrouvent face au vide laissé par leur enfant. Et après vingt-cinq années de vie commune, ils décident subitement de se séparer. Mais leur célibat ne va pas se passer comme prévu…
S’il s’agit du premier long métrage de Juan Vera, le monsieur est loin d’être un néophyte dans l’industrie cinématographique. Producteur de nombreux projets, et scénariste à plusieurs reprises, celui-ci a enfin décidé de franchir le pas et de passer derrière la caméra. Pour l’accompagner dans ce périlleux exercice, il a pu s’appuyer sur la présence de Mercedes Morán et de l’omniprésent Ricardo Darín, soit deux des figures de proue du cinéma argentin contemporain. Choix qui lui a assuré la médaille d’argent des réalisations locales au box-office 2018 du pays de la Albiceleste, juste derrière "L’Ange".
Teintée de comédie, l’histoire suit Ana et Marcos à l’aube de leur vingt-cinquième année de mariage. Complices, amis, confidents, les deux tourtereaux semblent former en apparence un couple parfait, un de ceux qui durent, résistant aux aléas du temps et de l’existence. Mais lorsque leur fils va quitter le foyer familial pour poursuivre ses études à l’étranger, un vide s’installe, laissant la place pour des questionnements. Est-ce encore de l’amour ou une simple habitude ? Est-ce que les sentiments amoureux ont laissé place à une affection de coutume ? Sans attendre les réponses, le duo décide de se séparer, espérant trouver dans le célibat une nouvelle liberté et une seconde jeunesse.
Rares sont les films qui ont aussi bien traité la déliquescence de la passion romantique, l’évolution naturelle d’un attachement qui ne peut plus être le même après tant d’années passées avec sa moitié. Ne cherchant absolument jamais à condamner ses protagonistes ou à apporter une quelconque vérité absolue sur le sujet, "Retour de flamme" est un portrait attendrissant de deux êtres qui traversent une crise existentielle sans en comprendre vraiment les contours.
La première partie du métrage, qui se focalise sur les doutes naissants et la routine écrasante du couple, passionne tant elle regorge d’émotion et de sincérité. Dommage alors que le réalisateur choisisse d’emprunter par la suite un autre chemin, enfermant ses personnages dans un cadre redondant où leurs différents badinages finissent par ennuyer plus qu’amuser. Avec des personnages secondaires trop caricaturaux (essentiellement des infidèles) et des balbutiements narratifs, l’énergie et le sel du début tendent à s’estomper. Heureusement, à chaque fois que Ricardo Darín et Mercedes Morán se retrouvent ensemble, les étincelles brûlent à nouveau, offrant aux spectateurs plusieurs séquences touchantes et euphorisantes.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur