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RÉPERTOIRE DES VILLES DISPARUES

Un film de Denis Côté

Entre volonté de ne pas s'éteindre et peur de l'étranger

À Irénée-les-Neiges, petit village québecois de 215 habitants, la mort du jeune Simon Dubé dans un accident n’a laissé personne indifférent, plongeant nombre d’habitants dans un état second. Mais en cette période hivernale, d’étranges inconnus commencent à apparaître, provoquant encore plus la confusion…

Répertoire des villes disparues film image

Denis Coté, habitué de la compétition berlinoise, où il a présenté ses deux précédents (et déjà étranges) films : "Vic + Flo ont vu un ours", "Boris et Béatrice", est revenu en 2019 présenté son nouveau long métrage, "Répertoire des villes disparues", avant de s’inscrire début 2020 dans la compétition du Festival de Gérardmer. Plus classique dans la forme, planté des les étendues mornes hivernales d’un petit village isolé, le film s’ouvre sur un accident, alors que sur une route déserte, une voiture s’encastre dans des blocs de béton.

Donnant ensuite à voir une galerie de personnages qui se connaissent tous, faisant en apparence front autour de la disparition prématurée d’un jeune homme, le scénario met en évidence par petites touches, certes une forme d'entraide, mais surtout un certain paternalisme (bien qu'il s'agisse ici d'une mairesse), accompagné d'une forme de repli sur soi. La douleur est au centre du récit, qu’il s’agisse de la colère d’un grand frère, des doutes d’une amie, de la négation d’un possible suicide par une mère. Le besoin d’aide est patent.

Puis vient la seconde partie, teintée de fantastique, où c’est la peur prend le dessus, face à l'inconnu, face à ces apparitions de supposés « étrangers » Posant la dialectique entre le désir de garder quelqu’un ou quelque chose en mémoire, et la souffrance de l'avoir en permanence sous les yeux, formant une belle parabole sur la peur de l'étranger, ressenti comme un danger, "Répertoire des villes disparues" prend des allures politiques et interroge le spectateur sur ses propres réactions. Dans ses teintes hivernales froides, sur fond social de désertification des campagnes, cette adaptation libre d’un roman de Laurence Olivier, distille un étrange mélange de nostalgie et de drame intimiste, défendant un cinéma fantastique aux effets minimaux.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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