RENFIELD
Même le terrible Dracula ne méritait pas ça…
Il n’est jamais simple de travailler pour un boss tyrannique. C’est d’autant plus complexe lorsqu’il s’agit de Dracula ! Mais cette fois, Renfield s’est décidé, il va se rebeller…
Il serait très facile de se moquer et résumer la filmographie récente de Nicolas Cage à une succession de Direct-to-Video tous plus évitables les uns que les autres. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, l’acteur autrefois coqueluche d’Hollywood, continue à arpenter des territoires plus ambitieux, qu’il s’agisse du thriller poisseux avec "Pig", du trip fantastique "Colour out of Space", du pur exercice gore comme avec "Mandy" ou encore de l’autodérision façon "Un talent en or massif". Ainsi le voir incarner Dracula constituait en soi un postulat particulièrement excitant. Malheureusement, dès les premiers instants, le suspense est vite dissipé : nous sommes face à une vulgaire sériez Z complètement ratée.
Pourtant, il y avait quelque chose d’assez comique dans l’axe choisi par le scénariste Ryan Ridley d’utiliser cette figure mythique pour traiter du vampirisme affectif. Le titre du film n’est d’ailleurs pas anodin, c’est bien le serviteur qui lui prête son nom et non pas le maître. Lorsque ce Renfield a accepté ce deal pour mettre sa famille à l’abri, il n’avait pas anticipé qu’il devrait se coltiner un patron abusif et toxique. Et qui plus est, pour l’éternité… Si pendant des décennies, il s’est plaint en silence et dans l’ombre, le monde a évolué et aujourd’hui, il arrive à mettre des mots sur ce qu’il ressent, se sentant enfin prêt à se révolter.
Malgré des comédiens investis, et notamment Awkwafina excellente en sidekick, le naufrage ne pourra pas être évité, la faute à une intrigue transformée trop rapidement en une mauvaise parodie sur le schéma déjà bien trop éculé des vampires vs gangsters. Lorsqu’en plus toutes les scènes d’action tournent au ridicule et les dialogues frôlent le néant, il ne reste rien à sauver. Seule satisfaction pour le réalisateur, il réussit parfaitement la mise en abyme de son propos, à savoir nous faire aussi subir un moment qu’on aurait aimé ne pas se voir infligé. Victime collatérale : le mythe vient de prendre un sacré coup…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur