RENDEZ-VOUS À ATLIT
Un premier film original et atypique porté par des comédiennes en très grande forme
Trois sœurs se retrouvent pour vendre la maison héritée de leurs parents dans la petite ville de Atlit en Israël ; l’occasion pour elles se de se remémorer leurs souvenirs. La bonne humeur est alors de mise, jusqu’à ce qu’un assassinat vienne rappeler que le conflit israélo-palestinien n’est toujours pas enterré…
Pour son premier long métrage, Shirel Amitaï a choisi de s’intéresser à l’ancien Président israélien Yitzhak Rabi assassiné pour avoir œuvré pour le processus de paix. Mais au lieu de fournir un film politique, la néo-cinéaste a préféré concentrer son récit sur le parcours de trois sœurs, aux opinions divergentes, allégorie d’un pays engagé dans un éternel conflit. C’est ainsi par l’intime que le film va esquisser en creux la grande Histoire, celle du conflit israélo-palestinien où les bombardements ne cessent jamais véritablement. Néanmoins, la réalisatrice a opté à raison pour une dimension poétique et comique assumée, où tout devient possible. En inscrivant son récit dans des inspirations fantasmagoriques, elle réussit à évoquer un épisode déjà raconté des milliers de fois avec un souffle nouveau, rafraîchissant et galvanisant.
Dans « Rendez-vous à Atlit », la chronique familiale souligne et surligne les événements historiques, avec un ton décalé et un humour fracassant. Car le vent de liberté de l’œuvre apporte avec lui des dialogues fins et son lot de répliques aiguisées. En choisissant de s’intéresser à trois femmes à l’avis bien tranché et au parcours différent (la jeune mariée, la mère déjà établie et la petite paumée), Shirel Amitaï bénéficiait d’une incroyable matière première. Et elle a su retenir la quintessence de son pitch pour nous offrir un tableau familial délicieux, qui flirte aussi bien avec le discours politique que le surnaturel. Lumineux et énergique, le film doit également beaucoup à ses comédiennes, toutes excellentes. Et après quelques ratés, notamment le nanar pseudo-romantique « L’ex de ma vie », Géraldine Nakache nous rappelle qu’elle est et demeure une excellente actrice, brillante dans toutes les tonalités. Ce petit film a tout d’un grand.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur