REFUGIADO
La violence conjugale vue par les yeux d’un enfant
Avec ses lunettes de piscine et sa petite cape rouge, Mathias est le maître de l’univers. Dans la piscine à balles, il tourbillonne au milieu de ses copains tel un super-héros protecteur. Le petit garçon ne se doute pas encore que son plus grand défi l’attend à la maison et que son futur ennemi n’est autre que son propre père. Gisant au sol, presque inconsciente suite à la violence des coups portés par son mari, sa mère n’a plus d’autre choix que de fuir avec son fils dans un foyer.
Pour narrer cette chronique d’une violence « ordinaire », Diego Lerman focalise son propos uniquement sur le petit garçon. La caméra ne le quitte presque jamais et retranscrit, avec beaucoup de douceur, toute l’insouciance de l’enfant, que ce soit dans les scènes les plus angoissantes (comme cette terrible partie de cache cache avec le père quand ils doivent récupérer des affaires dans l’appartement) ; ou bien quand dans l’apaisement du foyer, Mathias s’évade à jouer des heures durant avec Nelly, une petite fille réfugiée comme lui.
Mathias doit à présent combattre les démons de sa mère, pour qui la séparation est une réelle souffrance. Enceinte de son second enfant, la jeune femme est tiraillée entre les nausées, la culpabilité et la perte d’un amour aussi tyrannique soit-il. Fort de ses super-pouvoirs et de son regard candide sur les choses, le petit Mathias va enfin pouvoir jouer les justiciers et s’envoler dans les airs pour hurler au monde son vrai nom : « Super Mathias ».
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur