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RED AMNESIA

Un film de Wang Xiaoshuai

Morale changeante

Une retraitée s’occupe chaque jour de ses enfants. Elle passe faire la cuisine à son plus jeune fils, dont elle réprouve le mode de vie (il est homosexuel), puis va faire un tour chez son aîné, où elle amène des courses et prépare aussi à manger. Elle rend enfin visite à sa mère, en maison médicalisée. Mais depuis quelques temps cette vieille dame serviable reçoit de mystérieux coups de fils anonymes, quand elle n’a pas également l’impression d’être suivie…

Peinture subtile des changements de comportement d'une génération à l'autre, et de l'impact du mode de vie moderne sur la relation aux anciens, "Red Amnesia" est de ces films "à secret(s)" dont on ne peut dévoiler que peu de choses. Réussissant à concocter une atmosphère inquiétante, Wang Xiaoshuai, à qui l'on doit notamment "Chongqking blues" et "11 fleurs", s'intéresse ici aux conséquences intimes des restrictions imposées après la révolution culturelle et de la toute puissance du parti.

Au travers du portrait sensible d'une vieille dame, impliquée de près dans la vie de ses proches, mais parlant dans l'intimité à son défunt mari, le film est une sorte de conte moderne sur la culpabilité, montrant en toile de fond une société chinoise dont les fondements évoluent irrémédiablement, les liens entre générations se faisant plus ténus. Mêlant par moments fantasmes et quotidien répétitif, comme lorsque la vieille s'imagine différentes façons d'être tuée (à coups de bassine servant pour des bains de pieds, avec une hachette à pastèques...), « Red amnesia » s'avère au final être une œuvre sensible, convoquant les fantômes du passé, pour mieux renier l'illusion d'une morale qui n'appartiendrait qu'aux vieilles générations.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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