REBELLES
Un petit thriller social et décalé des plus jouissifs
Sandra, ancienne Miss Nord Pas-de-Calais, est de retour à Boulogne sur Mer. Installée dans la caravane de sa mère, elle trouve du travail dans la conserverie de poissons où bossent Nadine et Marilyn. Mais le soir où elles sont chargées de nettoyer les machines, Sandra se fait coincer dans les vestiaires par un chef d’équipe un peu trop entreprenant. Voulant se défendre, elle lui sectionne par mégarde le sexe et celui-ci se vide de son sang. Les trois collègues découvrent alors le sac de billets qu’il cachait, et ne voient plus qu’une solution pour sortir son corps de l’usine : en faire des conserves…
Avec son trio de personnages féminins apparemment comme les autres, ouvrières désargentées d’une conserverie de poissons de Boulogne sur mer, "Rebelles" a séduit le public du dernier Festival de l’Alpe d’Huez, où il a remporté le Prix Globe de Cristal de la presse. Doté d’un humour corrosif qui n’est pas sans rappeler les films de Tarantino ou le plus local film belge "C’est arrivé près de chez vous", la couleur en plus, ce film au savant dosage entre thriller, comédie et film social, devrait sans aucun doute être un succès en salles. Il faut dire que le mélange des genres fonctionne à merveille, grâce notamment au trio d’actrices parfaitement crédibles dans leur esprit frondeur comme leur naïveté.
Cécile de France, Audrey Lamy et Yolande Moreau composent ainsi respectivement avec entrain, une ancienne miss revenue vivre chez sa mère, une femme colérique et dépensière méprisant son fils comme son mari, et une mère de famille assumant seule les dépenses d’un foyer risquant l’expulsion. Chacune ayant ses propres problèmes à résoudre, c’est bien leur attitude face à l’argent et leur amateurisme en tant que truandes improvisées qui va constituer le sel de l’intrigue. Allan Mauduit, réalisateur de "Vilaine" et de la série "Kaboul Kitchen" (saison 1), nous embarque ainsi sans détour dans les magouilles de nombreux personnages autour d’un sac d’argent sale, sur un ton délicieusement amoral.
Il n’hésite pas à passer des scènes de comédie les plus saugrenues (le premier interrogatoire…) au scènes les plus violentes (l’altercation dans le mobile home…), composant ainsi des scènes façon western, que même la musique vient souligner. Globalement, les idées saugrenues ne manquent pas, de la manière de sortir le corps de l’usine au casse nocturne, en passant par les fusillades les plus improbables, composant ainsi un scénario que la mise en scène relie à des influences à rechercher du côté de Bertrand Blier, Samuel Benchetrit ("J’ai toujours rêvé d’être un gangster"), voire Tarantino (on a même droit à une version crooner de la chanson « Bang bang » que l’on trouvait dans "Kill Bill"). Une réelle réussite venue de nos contrées du nord, à laquelle on souhaite le meilleur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur