RABIYE KURNAZ CONTRE GEORGE W. BUSH
Une actrice épatante
En octobre 2001, peu après les événements du 11 septembre, Murat Kurnaz ne donne plus de nouvelles, suite à un vol pour Karachi, à sa famille qui réside en Allemagne. Sa mère, Rabiye, et sa sœur, inquiètes, tentent de comprendre, se renseignant auprès de l’Imam, qui leur ment, puis de la police, qui leur pose des questions. C’est lorsque des hordes de journalistes débarque devant la maison, que la nouvelle de son incarcération à Guantanamo devient une réalité. Rabiye Kurnaz ne va alors avoir de cesse de faire libérer son fils, qu’elle considère comme accusé à tort, y compris en se rendant aux États-Unis pour contester cette arrestation…
Le récit, en apparence assez incroyable, au cœur de ce long métrage allemand, s’étalera, avec le chapitrage indiquant le décompte correspondant, sur 1786 jours (soit près de 5 ans), entre l’arrestation du fils de Rabiye Kurnaz et le dénouement de cette affaire. Se plaçant, non pas du côté du prisonnier de Guantanamo (comme dans le très efficace "Désigné Coupable" avec Tahar Rahim), mais de celui des proches tentant de le faire libérer, "Rabiye Kurnaz contre George W. Bush" est en réalité une véritable comédie, malgré son sujet pourtant difficile. Meltem Kaptan, qui joue la mère, et qui a remporté le Prix de la meilleure interprète principale au dernier Festival de Berlin, tient à vrai dire tout le film sur ses épaules, grâce à son personnage de femme nature, spontanée, dont la franchise et la générosité désarçonnent autant que les expressions turques imagées.
Dénonçant l’enfermement arbitraire, l’absence d’inculpation et de procès, les jeux diplomatiques indignes, mais aussi les tortures aujourd’hui connues, le scénario de Laila Stieler, adapté de cette « histoire vraie », également récompensé du Prix du meilleur scénario à la Berlinale, maintient le suspense tout du long. Le portrait de cette mère courage, qui va jusqu’à faire la cuisine pour son avocat, ou même décorer son bureau, s’avère au final aussi touchant que drôle, faisant du film une œuvre grand public, qui s’inscrit presque naturellement dans la lignée des derniers longs métrages d’Andreas Dresen ("Pour Lui", "Le temps des rêves").
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
RABIYE KURNAZ CONTRE GEORGE W. BUSH, un film d’Andreas Dresen – Bande-annonce from Shellac films on Vimeo.