R-100
Débridé, sans complexe et totalement barré!
Sacré phénomène que Hitoshi Matsumoto. Star du petit écran japonais, Matsumoto a su, en l'espace de trois petits films ("Dai Nipponjin", "Symbol" et "Saya Zamouraï"), se tailler une belle réputation de réalisateur à part. Son dernier, "R-100", ne déroge pas la règle. On dira même que c'est peut-être son œuvre la plus dingue. Si vous en doutez, attendez de voir à l'écran un cinéma de non-sens où pendant près de trois quarts d'heure, vous assisterez au lynchage surprise d'un salaryman prenant son pied, la gueule boursouflée de plaisir, à la suite de coups de lattes de la part de dominatrices à talons aiguilles, avant de voir le premier écran titre du film.
Matsumoto ne suit aucune règle. Jouant sur un comique de répétition qui fera, ou ne fera pas, mouche la première heure, le film met du temps à démarrer. Un père de famille s'occupe seul de son fils alors que sa femme est plongée dans le coma à la suite d'un accident. Désireux de se détendre et quelque peu maso sur les bords, il décide de signer un contrat avec un club privé offrant l'irruption surprise de dominatrices en cuirs et porte-jarretelles pour l'humilier en lieux publics. Ces humiliations provoquent en lui systématiquement une vague de plaisir qu'il se sait contenir. Mais ces interventions ne sont plus de son goût dès lors que ces femmes viennent le savater en plein travail. Ce n'est qu'une fois cette mise en place terminée qu'"R-100' ne prend toute son ampleur dans le n'importe quoi.
Un festival de délires incongrus s'amoncelant les uns à la suite des autres, minutes après minutes : une reine crachat, une reine gloutonne à la mâchoire démesurée, une corporation du plaisir dirigée par une gigantesque dominatrice américaine, du complot, des grenades, des ninjas… Matsumoto enchaine les absurdités, plus grosses les unes que les autres. Ne se prenant jamais au sérieux il nous invite même à des digressions complètement truculentes dans lesquelles il confronte son film à l'incrédulité des producteurs sortant de la projection tests complètement dépités et perdus dans l'univers du malade créatif. Le titre "R-100" est par ailleurs un bon doigt d'honneur au système de classification japonais arborant des R-15 ou R-18 à tout bout de champs. "R-100" ne serait donc réservé qu'aux centenaires ? Heureusement que non ! Sacré Matsumoto !
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur