QUITTE POUR LA PEUR
Une histoire moderne pour le 19e siècle
Au début du 19e siècle, à la campagne, une duchesse se retrouve soudain dans une position bien délicate : enceinte de son amant alors que mariée à un duc qu’elle n’a pas vu depuis 15 ans. Quand ce dernier vient lui rendre une visite tard dans la nuit, la duchesse envisage le pire…
Adaptée par Bruno François-Boucher pour le cinéma, "Quitte pour la peur" est une histoire tirée d’une pièce de théâtre d’Alfred de Vigny écrite en 1833, du genre qui devait paraitre très subversif pour l’époque. Pour l’époque, donc (attention, ceci est un mot clef). Un homme (un duc !) épouse une femme pour les apparences puis l’abandonne dans son château à la campagne pour aller faire la bringue à Versailles avec sa maitresse. La femme s’ennuie et prend un amant dont elle tombe enceinte en même temps qu’amoureuse (ou le contraire, pour l’époque les deux vont de pair). Gare si le mari l’apprend ! Le suspense est à son comble (soufflez un bon coup et restez avec nous).
Difficile ici de séparer la pièce du film, tant ce dernier se repose sur son matériel original. On est donc dans un film en costumes, où l’on parle en faisant de longues phrases aux sens détournés, et où la mise en scène suit le rythme dans un champ/contre-champ ponctué d’intermèdes animaliers dignes d’une partie de ping-pong du dimanche après-midi. Voilà pour la forme. Pour le fond, questionnons-nous un instant sur ce que ce film cherche bien à nous raconter de nouveau : que les femmes ne sont jamais à l’abri d’un « tracas » et les seules à devoir en assumer les conséquences ? Que leur tranquillité d’esprit ne repose que sur le bon vouloir de leur partenaire ? Ou alors, est-ce une sorte d’ode à la liberté sexuelle dans le couple (tant que le mari donne son accord en premier lieu) ?
Oui, pour le 19e siècle, cette histoire amuse par sa modernité. Actuellement cependant, on a du mal à y trouver un grand intérêt, si ce n’est celui de faire plaisir aux acteurs en leur offrant de longues tirades à retenir et de jolies perruques à porter.
Amande DionneEnvoyer un message au rédacteur