QUI A TUÉ LADY WINSLEY ?
Un film plein de paradoxes et de déséquilibres
"Qui a tué Lady Winsley ?" est un film plein de paradoxes, d’entités séparées et contraires qui ne se rejoignent jamais, une espèce de patchwork d’éléments épars. Le film hésite entre être un thriller, une comédie de situation, un drame, une romance ou encore un film d’enquête. Tous ces éléments sont juxtaposés sans grande cohérence, si ce n’est l’unité de personnage et de lieux dans un temps très restreint.
Quand le réalisateur se lance pleinement dans l’un de ces différents thèmes, quelque chose de jouissif en sort. En effet, "Qui a tué Lady Winsley ?" est parfois très drôle et les personnages qui sont dépeints sont incarnés et profonds. Parfois, un vrai drame sur la quête des origines vient remplacer le rire, puis un texte à charge contre la police, la population rurale raciste et réfractaire vient rendre le film très sérieux.
Les vrais moments de faiblesse sont les scènes d’amour et d’intimité. Le couple formé à l’écran par Mehmet Kurtulus et Ezgi Mola ne fonctionne pas du tout, car son charisme à lui s’effondre face à sa présence et à sa beauté à elle. Il est complètement passif et incapable face à cette femme forte. Il n’a pour lui que son exotisme, ce qui semble être un élément de séduction insuffisant face à l’éducation du personnage d’Azra.
Le film tire parfois même vers le buddy-movie, dans la relation étrange de connivence et de respect qui existe entre le vieux chef de la police, qui n’attend plus rien de la vie si ce n’est la retraite, et l’inspecteur métropolitain. Une scène, cependant, est suspendue hors du temps, et à elle seule peut justifier le déplacement dans les salles obscures. Une magnifique scène de lecture, d’une tendresse et d’une force magiques.
"Qui a tué Lady Winsley ?" est un film qui ne choisit pas et qui ne se laisse pas enfermer dans un genre ou un style. Ce manque de cohérence pourra être vu par certains comme une qualité, à l’image de l’indécision humaine, et par d’autres comme un défaut rédhibitoire, allant à l’encontre de la structure même de la narration. A vous de choisir.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur