QUEEN OF THE DESERT
Un film contemplatif qui reste assez académique
En s'attaquant au destin de Gertrude Bell, célèbre écrivaine et exploratrice née en 1868 et disparue en 1926, surnommée « la Reine du désert », Werner Herzog savait qu'il risquait gros. D'abord parce que le destin hors norme de cette femme amène le cinéaste à poser son regard sur certains des plus beaux sites du Moyen-Orient, mais aussi parce que les amours tragiques de celle-ci en font forcément une héroïne romantique.
Il faut dire tout de suite que le choix de Nicole Kidman, malgré tout son talent, paraît d'emblée discutable, le principe du rajeunissement éternel de l'actrice n'aidant pas à adhérer à la première partie du film. Plutôt légère, celle-ci met en effet le personnage aux prises avec un dragueur pas très léger (James Franco, secrétaire de l'ambassade), et adopte un ton de comédie, qui créera un déséquilibre avec le reste du film.
Si le réalisateur sait saisir sans détour la beauté des paysages, usant du cadre dans le cadre pour donner une impossible échelle au désert, magnifiant notamment les sites archéologiques comme celui de Petra, c'est du côté de la romance que les choix de mise en scène sont plus discutables. Car si l'on saisit bien l'évolution du personnage féminin, qui sait amadouer les hommes et a le don de les fasciner, la construction de sa propre carapace semble passer devant la grande Histoire et la diplomatie.
Dans un contexte trouble, où la Première Guerre mondiale se prépare et où se joue le découpage territorial de l'Empire Britannique, on aurait espéré un peu plus de développement lié à ces enjeux. Reste l'ampleur du destin dramatique de la dame, sa rencontre avec Lawrence d'Arabie (Robert Pattinson, toujours aussi surprenant), et son refus entêté de ne pas prendre parti. « Queen of the Desert » est au final un hommage honnête, où l'émotion affleure tout comme la nécessité de voir le monde.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur