QUARTET
Hospice pour musiciens
Présenté en compétition au dernier Festival de San Sebastian, le premier film de Dustin Hoffman en tant que réalisateur en est reparti bredouille, confirmant cependant la capacité de l'homme à diriger d'autres acteurs. Car le casting de "Quartet" est sans doute son principal atout, et réunit bon nombre de grands noms du théâtre et du cinéma anglais : Maggie Smith ("Reviens-moi", "Chambre avec vue"), Michael Gambon ("Gosford Park", "Le Discours d'un roi") et surtout Billy Connolly ("La Dame de Windsor", "Fido", "Le Hobbit") et Tom Courtenay ("Docteur Jivago").
Anciennes gloires du cinéma, pour certains encore plus ou moins régulièrement sur les écrans, comme Maggie Smith ou Michael Gambon (respectivement Professeur McGonagall et Dumbeldore dans "Harry Potter") ou abonnés à diverses voix dans des films d'animations ("Rebelle", "Garfield 2", "Les Rebelles de la forêt"), tous ces formidables interprètes ont dépassé les soixante-dix ans et forment un groupe attachant de vieillards plus vivants que jamais. Si on s'attache à leurs personnages, empêtrés dans leurs souvenirs passés (une rupture mal gérée, une rivalité éternelle...) et des problèmes de santé bien présents, qu'ils refusent de voir conditionner leur existence, le récit n'en est pas moins gentillet.
Car dans ce monde idyllique, anciennes célébrités et surdoués du monde de la musique continuent de vivre entre eux, ignorant les vrais difficultés d'un monde extérieur qui se limite à de généreux donateurs. Tiré d'une pièce de théâtre de Ronald Harwood (ici aux commandes du scénario), elle-même inspirée d'un documentaire suisse des années 80 sur une maison de repos fondée par Giuseppe Verdi, "Quartet" fonctionne sur qui-propos et gags attendus, autour d'une Castafiore hautaine et crainte de tous, que campe avec ferveur Maggie Smith. Montrant certes la vitalité de ses interprètes, le film tourne rapidement en rond – les ressortissants ayant du mal à faire croire à leurs 400 coups – tout en laissant entrevoir ce qu'il aurait pu être, lorsqu'il aborde de front la gloire et la jeunesse perdues.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur