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QUAND LA MER MONTE…

Amours passagères

Une actrice tourne dans le Nord de la France, avec son spectacle traitant de l'amour et des relations humaines, au travers du personnage d'une tueuse. Chaque soir, elle désigne dans le public, celui qui sera son poussin. Jusqu'à ce qu'elle tombe sur Dries, qui reviendra la voir les soirs suivants…

Pour sa première réalisation, Yolande Moreau a choisi un sujet casse gueule. Parler d'une femme apparemment seule, menant sur les routes son spectacle à la mise en scène statique, et aux élans comiques indéniables, et des vies et amours d'une bande de marginaux, animateurs de Géants, n'avait rien d'aisé ni de particulièrement cinématographique. Quand la mer monte est donc une réussite complète, à la poésie et l'émotion inattendues. Et si le film doit beaucoup à l'alternance de moments hors de l'histoire, avec le spectacle, et de petits riens qui font un quotidien extraordinaire, c'est sur la pudeur de la mise en scène, toute en retrait, et sur l'interprétation de ces deux gueules de tendres que repose l'essentiel.

Yolande Moreau est touchante en femme que l'on pressent rapidement mariée ou en couple, qui se laisse entraîner dans une histoire d'amour, dont elle a finalement besoin. Et Wim Willaert, est simplement bouleversant, en homme enjoué puis blessé. Leur rencontre n'est que passagère, on le sait, tout comme eux le savent. Et le film montre magnifiquement ces petites humiliations faites d'une soudaine distance, ce retour parmi les quelconques, les gens sans importance, qui va avec la fin d'une histoire d'amour, ou avec la maladresse de l'être amoureux, qui en demande forcément beaucoup, voire trop. La douleur est alors visible, dans les regards, les sourires gênés, comme la fin du film, réaliste, à la fois douce et triste.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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