Q
Film QQ
Cécile vient de perdre son père. Amoureuse de Chance, qui semble pourtant se méfier d’elle, elle fait tourner en bourrique Matt, qu’elle allume avec la confiance d’une Vénus irrésistible. Mais Matt, séduit, essaie aussi de construire une relation avec Alice, qui rêve du prince charmant. Parallèlement, Virginie aime son mari mais n’arrive plus à faire l’amour avec lui. Ce petit monde finit par se retrouver au carrefour dans un chassé-croisé érotique…
Treize ans après "Zonzon" et huit ans après "24 heures dans la vie d’une femme", exemples du grand écart cinématographique dont il est capable, Laurent Bouhnik crée le buzz avec un film sur les amours, les désirs et les complications. C’est en tout cas ce qu’annonce l’affiche de "Q", qui met en scène le corps dénudé d’une jeune femme. Sur ce point, il n’y a pas tromperie sur la marchandise : les scènes érotiques du film, nombreuses, s’avèrent d’une crudité assez peu habituelle pour un film français distribué en salles. Pourtant, si le parti-pris démonstratif adopté par le réalisateur peut susciter l’interrogation (voire le voyeurisme, cf. la scène de fellation non feinte entre les jeunes comédiens qui incarnent Alice et Matt), son propos, quant à lui, tombe dans l’affliction la plus totale.
Dans le décor désaffecté d’une ville qu’on imagine être des côtes normandes ou bretonnes, "Q" flirte sans cesse entre la gaucherie d’une série TV adolescente et l’ambiance dépouillée d’un film faussement arty. Le contraste aurait pu être intéressant, le film affichant de réelles qualités esthétiques. Or il glisse assez vite dans le ridicule, la faute à des dialogues ping-pong sans intérêt et au jeu approximatif des acteurs, qui récitent maladroitement leur partition (à l’exception peut-être de Johan Libéreau, seul acteur connu du lot et seul épargné des scènes de sexe).
Surtout, le film ne tient absolument pas sa promesse de nous plonger dans les méandres du désir et de la sexualité, se contentant d’empiler mécaniquement les scènes chaudes sans pour autant réussir à créer de tension. En témoigne la façon dont le personnage de Cécile, qui se place pourtant au cœur de la tourmente générale et semble porter en elle les gènes du drame, ne parvient jamais à sortir de son attitude caricaturale de jeune nymphe dévergondée. Dernier détail qui tue : les scènes de confidences entre filles (les intermèdes dans les douches des filles cadrés à hauteur de bassin, les discussions sur le sexe dans le salon) sonnent complètement faux, comme tirées d'un magazine féminin et pas d'une réalité. De quoi finir de plonger le spectateur (et surtout la spectatrice) dans un océan de perplexité.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur