Festival Que du feu 2024 encart

PULSE

Un film de Aino Suni

Petit traité de relation toxique

Elina, 17 ans, est obligée de déménager de la Finlande vers la France, après que sa mère ait retrouvé un compagnon. Elle plonge alors dans le milieu de la jeunesse dorée de la Côte d’Azur, et découvre, avec Sofia sa sœur par alliance, la drogue et les garçons. Rapidement, Elina se retrouve fascinée par sa nouvelle sœur, et de là va se nouer une relation toxique, aux conséquences potentiellement dangereuses…

Pulse film movie

"Pulse", co-produit par la France, l’Allemagne et la Finlande est le premier long métrage d’Aino Suni, qui a voulu voir grand, et tente ici de raconter la relation entre deux jeunes femmes, en reprenant les codes du thriller. Présenté en France pour la première fois (il ne sort que le 22 février) dans le cadre du festival Chéries Chéris, le film y était décrit comme l’histoire d’une relation lesbienne aux accents toxiques. Et pour le coup, cela est diablement réussi.

Elina montre une parfaite cruauté et une parfaite toxicité, alternant jeu de culpabilisation et de glorification tout au long du film, face à une Sofia qui ne réagit guère à tout ce que cette première peut faire. La volonté de présenter un amour toxique et en montrer les dangers grâce à l’utilisation des codes du thriller paraît légitime. Il s’agit d’ailleurs d’une très bonne idée, qui montre l’étendue des problèmes d’une telle relation, où l’un(e) des deux partenaires va tenter de tout faire pour garder l’autre sous son emprise : le thriller sert alors à installer une tension et permet d’en ressentir la dangerosité. Cependant la manière de romantiser cette relation est absolument problématique. Alors même que Sofia connaît Elina, connaît l’emprise qu’elle essaie d’avoir sur elle et n’apparaît même pas réellement attachée à elle, celle-ci ne réagira à aucun moment, alternant les réactions toutes plus incohérentes les unes que les autres, et préférant un dénouement dramatique à la morale ravagée.

À cause d’un scénario qui va sans doute trop vite, la relation entre Sofia et Elina n’est absolument pas convaincante (et le jeu des acteurs ou actrices n’aide pas, tout comme le portrait mi-stéréotype, mi-sadique d’Elina), leurs réactions l’étant encore moins, et c’est alors toute la description d’une relation toxique qui s’effondre. Tout est motivé ici par cette seule idée du thriller, et le film suit alors plus l’itinéraire d’une jeune psychopathe que d’un duo d’amoureux.

Mais si le film est problématique (voire grossier par moments) au niveau du scénario, c’est par son ambiance fabuleuse, alternant musique de rap et jeux de couleurs qu’il tire son épingle du jeu. L’attention portée au cadre fait plaisir et permet même parfois d’oublier un peu ce qui peut être dit. Un film qu’on ne recommandera donc pas forcément, ou alors juste pour le plaisir des yeux.

Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur

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