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LA PROMESSE DE L'AUBE

Un film de Éric Barbier

Charlotte Gainsbourg magistrale dans une adaptation raffinée et consciencieuse

Nina est persuadée que son fils va réussir. Plus exactement, elle ne le lui laisse pas le choix. Pas assez bon en musique, les peintres n’ayant jamais de succès de leur vivant, le jeune Romain deviendra écrivain. Et même quand les temps seront difficiles, il pourra toujours compter sur l’amour indéfectible de sa mère…

Adapter un monument littéraire tel que "La Promesse de l’aube" était nécessairement une opération casse-gueule. Car au-delà du nombre d’années couvertes par le bouquin et sa construction chronologique qui promettait un résultat cinématographique très académique, l’œuvre est une incroyable histoire d’amour maternel, sublimée par la prose délicate de Romain Gary. Difficile de retranscrire une telle émotion en un peu plus de deux heures d’un film qui veut également dessiner le portrait du jeune écrivain.

Pour autant, Éric Barbier va essayer de relever ce pari, en choisissant d’être le plus fidèle possible au matériau originel. S’il est facile de lui reprocher le manque d’originalité et l’absence de prise de risque, il ne faudrait pas omettre de souligner la qualité et l’élégance de sa mise en scène. Roman Kacew naît et grandit à Vilna. Père absent, c’est sa mère qui l’éduque et qui le pousse à devenir le meilleur, à rejoindre un jour la France, où il sera riche et célèbre, diplomate et homme de lettres. Et pour que son fils achève sa destinée, Nina se dévoue corps et âme à la réussite de sa progéniture.

Comme dans le roman, c’est avant tout cet amour au-delà du raisonnable qui bouleverse. Charlotte Gainsbourg est parfaite dans ce rôle de mère ultra-possessive, dont les excès prêtent à rire mais dont la sincérité ébranle, volant largement la vedette à un Pierre Niney appliqué. Retranscription sage, cette "Promesse de l’aube" manque d’un regard de réalisateur, d’un parti pris qui aurait pu transcender le verbe de Gary. Formellement abouti, le métrage a néanmoins le mérite d’assumer le romanesque de cette autobiographie parfois fantaisiste. Dommage qu’un souffle un peu plus acide et quelques aspérités ne soient venus fissurer ce bel écrin trop poli.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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