PROJECT SILENCE

Un film de Kim Tae-gon

Redoutablement efficace

Jung-won, adjoint à la sécurité nationale, conduit sa fille à l’aéroport, lorsque sur un pont, enveloppé dans un épais brouillard, il se retrouve coincé au sein d’un énorme carambolage ayant eu des conséquences dans les deux sens de circulation. Ne comprenant pas la situation, il aperçoit un chien, échappé d’une fourgonnette blindée, qui se tape la tête contre une rambarde. Depuis un autre véhicule, un scientifique active alors un signal rappelant les chiens dans la fourgonnette. Mais le chien 09 ne répond pas au message…

Présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2023, le thriller Coréen "Project Silence" met un ensemble de personnes coincées dans un embouteillage, aux prises avec un groupe de chiens dressés pour tuer. Il en découle un « huis clos » particulièrement efficace, puisque situé en un seul lieu (le tablier du pont, pris dans la brume) dans lequel les enjeux de survie de chacun vont forcément se heurter, le film tournant ainsi au survival sur fond écolo et politique. Car le mystère autour du fameux Project Silence et les enjeux politiques concernant ses commanditaires, vont forcément peser sur le devenir des personnes présentes sur le pont, alors que le véhicule contenant les chiens (vêtus comme des CRS sur pattes...) est désormais ouvert. Tentative d’extraction des animaux, revanche des créatures sujettes à expériences, le scénario ne nous épargne rien, restant porteur d’un vrai suspense à chaque nouveau mouvement des personnages, peu à peu livrés à eux-mêmes.

Savamment introduits, avant qu’ils se retrouvent coincés dans le carambolage, leurs points faibles sont rapidement identifiables et exploités avec acuité. On trouve ainsi sur place l’adjoint à la sécurité nationale et sa fille, le pompiste-dépanneur qu’il a humilié et sa chienne miniature Jodie, une femme et son agente ayant dû rebrousser chemin du fait d’un passeport oublié, un couple de personnes âgées dont la femme est atteinte d’Alzheimer, un scientifique imbu de lui-même... De quoi créer des tensions parmi les survivants initiaux quant à la manière de s’en sortir ou concernant qui doit être sacrifié ou doit se sacrifier. Avec un sens de l’utilisation de l’espace indéniable, Kim Tae-gon nous emmène ainsi au raz du sol dans un labyrinthe de véhicules et utilise aussi le moindre recoin d’un bus pour créer une tension. Alors aucune hésitation à avoir, direction la Corée du Sud pour découvrir ce thriller original.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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