LES PROFS 2
Toujours pas de mention, mais ça passe…
Après avoir sauvé les pires élèves de l’Hexagone, les pires profs de France sont secrètement envoyés chez nos voisins anglais pour une mission encore plus difficile : intégrer le meilleur lycée du pays pour aider la petite-fille de la Reine à quitter son image de cancre, à relever son niveau scolaire et à assumer ainsi son futur statut de tête couronnée. Une mission d’autant plus impossible que ce cancre de Boulard (mention « très bien » en redoublement, avec les félicitations du jury) est lui aussi du voyage…
Voir "Les Profs 2" procure à peu près la même sensation que d’être un professeur de collège proche de la retraite, tellement fatigué de voir chaque année la même copie bourrée de fautes d’un élève champion du monde du redoublement qu’il en est réduit à rire de bon cœur devant chaque gaffe. On ne dira pas que l’adaptation de la BD – particulièrement hilarante – de Pica et Erroc, sortie il y a deux ans ("Les Profs"), avait tout en sa possession pour devenir une référence du cinéma comique à la française, surtout en raison d’un scénario pompé à 75% sur celui des "Sous-doués" (c’est dire le niveau !) et limité à une banale suite de sketchs rigolos. Mais voilà, on l’avoue, la belle brochette de profs cintrés, tous joués par des acteurs à fond dans le premier degré, réussissait sans peine à nous dérider les zygomatiques toutes les dix secondes. Le bilan est ici le même : tout le monde redouble, mais tout le monde garde la patate, et le rire n’a pas disparu.
Bon, certes, comédie française oblige, on sait déjà à quoi s’attendre sur un scénario orchestrant le traditionnel choc des cultures entre la France et un pays étranger – le film se déroule cette fois-ci en Angleterre. La liste des énormités est d’ailleurs particulièrement longue, entre une école comparée dès le départ au château d’Harry Potter, une éducation à l’anglaise que les scénaristes imaginent aussi stricte que celle de l’époque moyenâgeuse, une directrice aussi coincée que Margaret Thatcher, un surveillant obtus aux grimaces plus outrancières encore que celles de Johnny Depp dans "Pirates des Caraïbes", des élèves sans doute devenus intellos avant même d’avoir atteint la puberté, et un accent anglais caricatural comme c’est pas permis. Sans parler de ce cher Kev Adams, décidément enfermé à vie dans son registre de l’ado bêta et niaiseux, qui enchaîne les lapsus et les calembours pas drôles comme des perles.
Face à tant d’écriture bâclée, on se réjouira malgré tout de voir nos bras cassés de l’enseignement relever le niveau en matière de pure rigolade. Si l’on peut évidemment s’attrister de voir Christian Clavier laisser sa place à Didier Bourdon dans le rôle du prof de maths flemmard (le premier était bien plus drôle), le reste de la smala n’a rien perdu de sa folie : Isabelle Nanty redouble de violence dans ses jets de craies et désole devant tant d’inexpérience en anglais, Stefi Celma fait péter le mercure par ses déhanchés et ses postures, Pierre-François Martin-Laval met son chauvinisme à rude épreuve en subissant les critiques des Anglais sur le parcours de Napoléon, Arnaud Ducret repousse les limites de la beaufitude poilante avec une aisance sidérante, on en passe et des meilleurs. Des acteurs qui s’amusent et qui nous amusent, toujours au premier degré, et que la mise en scène de Martin-Laval, certes sans aucun relief cinématographique, sait malgré tout mettre en valeur par un montage dynamique, tout entier voué à son enfilade de moments drôles. Tout cela ne fait pas une grande comédie, mais au moins une petite détente climatisée de 92 minutes pendant la canicule, ce qui n’est déjà pas si mal.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur