PROFESSEUR YAMAMOTO PART À LA RETRAITE
Un touchant portrait
A 82 ans, le professeur Masatomo Yamamoto continue, à quelques jours de la retraite, de suivre ses patients en consultation, dans la petite clinique qu’il a créée. Ceux-ci ne cachent pas leur inquiétude à l’idée de devoir parler à quelqu’un d’autre, d’autant que ce pionnier de la psychiatrie au Japon semble avoir une méthode bien à lui, basée sur l’empathie…
Après "Mental" (2008, inédit en France), dans lequel il suivait les patients de la clinique du professeur Yamamoto, le réalisateur japonais Kazuhiro Sôda s’intéresse, près de 12 ans plus tard, à la fin d’exercice de ce psychiatre renommé et pionnier dans son domaine. Et la première partie, dédiée aux consultations (tournées dans le même dispositif que dans le premier film, dont on voit quelques rares extraits, en guise de flash-back) est sans doute la plus passionnante, provoquant une certaine émotion. Avec tact, le spectateur est en effet mis dans la confidence, témoin du désarroi et des interrogations des patients, soudain en perte de perspective. Mais il assiste aussi, quelque peu stupéfait, à cette attitude humble qui fait la patte du professeur, replaçant ses propres souffrances en deçà de celles des malades, vantant leur courage, et allant même jusqu’à prêter de l’argent à celui qui dit être dans le besoin.
La pudeur est donc de mise, comme dans l’ensemble de ce métrage qui relativise cruellement la notion de retraite au Japon, le protagoniste ayant 82 ans. La vacuité apparente du quotidien, la lenteur obligée des mouvements, en dehors de la clinique, viennent prendre place dans une seconde moitié de film, où il s’agit finalement plus de mettre en lumière le rôle discret de la femme du professeur. La scène où le réalisateur est accueilli pour un verre chez eux est à la fois gênante et gênée, mais traduit une douceur complice non exsangue de compromis. Car derrière la discrétion de cette femme, l’échange avec une tierce personne permettra de verbaliser ce qu’aucun des époux n’aurait osé reprocher à l’autre. Une reconnaissance tardive d’un certain sacrifice, avant une scène finale aussi délicate que triste dans ce qu’elle suppose elle-même de perspectives pour le couple.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur