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PRODIGIEUSES

De l’espoir des parents au désir des enfants

Claire et Jeanne sont deux jumelles douées en piano, qui subissaient déjà enfants la pression de leur père, qui espérait les faire rentrer dans la meilleure école possible. Après des années de cours et d’entraînements, devenues de jeunes femmes, elles obtiennent chacune une place dans une école en Allemagne, où le professeur le plus en vu et le plus exigeant, Klaus Lenhardt, va sélectionner Claire et reléguer Jeanne avec une autre enseignante. Mais alors que les cours s’enchaînent, Claire, qui veut aussi vivre sa vie de jeune femme et fréquenter en particulier un garçon, ressent des douleurs à l’un de ses poignets…

Tiré de la vie de deux jumelles virtuoses (les sœurs Audrey et Diane Pleynet), atteintes d’une maladie génétique qui use prématurément leurs articulations, "Prodigieuses" est un drame poignant porté par deux jeunes actrices remarquables. Questionnant l’impossible équilibre entre enseignement exigeant et existence d’une vie d’étudiante, comme l’influence d’un père obsédé par la réussite qu’il n’a pas eu (maître nageur prêt à abandonner son boulot pour s’occuper de leur éducation) projetant son désir de réussite sur elles, le scénario avance à petits pas vers le double drame lié à la découverte de la maladie, mais aussi à la quasi inéluctable concurrence entre les deux jeunes femmes.

Captant de petits regards d’une inévitable jalousie de Jeanne, laissant voir les aspirations divergentes de Claire lorsqu’il s’agit de se faire la malle en douce, c’est cependant la complicité des deux jeunes femmes qui est avant tout mise en avant par la mise en scène de Frédéric et Valentin Potier (dont c'est le premier long), qu’elle soit de façade, contrariée, ou exprimée de manière franche ou spontanée. L’alchimie entre les deux actrices fonctionne donc très bien, de Camille Razat (la Camille de la série "Emily in Paris", qui prouve s'il le fallait ici qu’elle a un registre bien plus étendu que la boudeuse de service) qui oscille entre ambition et frustrations, à Mélanie Robert (les séries "Un Si Grand Soleil" et "Bellefond") plus dans la retenue et dans le besoin de s’affirmer.

Dubosc, s’il donne la sensation d’en faire un peu trop dans l’approche binaire de son comportement et Isabelle Carré composent un couple de parents usés par l’oublie du présent de la famille, au profit du futur des deux pianistes. Tandis que le professeur Klaus Lenhardt (August Wittgenstein) et le jeune batteur amoureux (Lennart Betzgen) sont eux des plus crédibles, dévoilant plus de facettes que prévu. Si le film fera sûrement pleurer dans les salles et les chaumières, il donne envie d’en savoir plus sur le courage et le talent de ces deux sœurs, dont non, « l’une ou l’autre (ce n’est pas) pareil » comme ont l’air de le considéré ceux qu’elles croisent, mais dont la résurrection en tant qu’artistes relève autant de la persévérance que du miracle.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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