LA PRINCESSE ET LA GRENOUILLE
Le charmant retour de la 2D
En rachetant les studios Pixar, Disney s'était engagé à fermer ses studios d'animation traditionnelle, et à ne plus produire que des films d'animation en images de synthèse, voire en 3D, dont on connaît l'incroyable succès en salles (« Là-haut », « Ratatouille »...). Ses dernières oeuvres étant très loin d'avoir rapporté autant d'argent qu'escompté, la firme aux grandes oreilles réservait ses techniques de dessins classiques à des Direct to Video, souvent fait de suites improbables (« Rox et rouky 2 », les divers dérivés d'« Aladdin »...), à la fluidité peu convaincante et aux scénarios plutôt minimalistes. La tendance aurait-elle changée avec cette adaptation inversée de « La princesse et la grenouille » ?
Bien sûr, ce nouveau dessin animé revêt un charme désuet qui rappellera à chacun, par son dynamisme et sa fraîcheur, le meilleur de la production Disney des années 90, « La petite sirène », « La belle et la bête » ou « Le bossu de Notre Dame ». Ici, le film fait une part raisonnable aux numéros chantés, qui servent à merveille le récit, préférant orienter scénario comme bande son du côté des musiques qui ont fait la réputation du lieu : jazz, blues... La fluidité de l'animation est à saluer, comme l'irrésistible portrait de certains personnages secondaires : la vieille luciole cabossée, le crocodile fan de jazz qui cherche à s'intégrer à un orchestre, ou encore la meilleure amie mangeuse d'hommes riches toujours excitée comme une puce.
Côté scénario, le détournement initial est amusant (quand la jeune femme embrasse le prince transformé en grenouille, celui-ci ne redevient pas prince... c'est elle qui devient une grenouille). Après une scène d'ouverture enfantine et câline, la première partie est assez convenue, posant une nouvelle fois les bases du trauma et du rêve américain. Puis le film devient un road-movie dans une seconde partie au rythme soutenu. Les ficelles sont malheureusement toujours les mêmes, et quand la success story ne fonctionne pas, on se tourne vers la loterie de l'amour, le fiancé se devant d'être riche... Rien de bien nouveau, mais de quoi faire rêver et rire les petites têtes blondes, tout en se rassurant sur les capacités d'adaptation d'un Studio, qui n'a plus peur de poser en héroïne principale une jeune femme de couleur. De là à aborder les questions de luttes de classes, il ne faut quand même pas trop rêver !
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur