PRÈS DU FEU
S'en aller sans un bruit
Dans un village au sud de Santiago du Chili, s’installe un couple dans une maison. La femme est gravement malade…
« Sentados frente al fuego » est le nouveau film du réalisateur chilien, Alejandro Fernandez Almendras, découvert à la Semaine de la critique de Cannes avec « Huacho ». Il s'agit d'un drame intimiste, chapitré selon les saisons, et contant la dernière année de vie d'une femme, gravement malade, tentant de surmonter cette épreuve auprès de son mari, entre ultimes espoirs et retraite finale. Le choix narratif du réalisateur est simple. Plutôt que d'observer la souffrance de la femme, il préfère se concentrer sur les gestes d'attention de l’époux et sur ses difficultés à envisager l'après. Une étreinte dans l'embrasure d'une porte en léger contre-jour, la confection d'une luge et la balade forcée pour profiter une dernière fois d'une neige éparse, sont des exemples de quelques moments déchirants que nous propose de partager Fernandez Almendras.
Les jours se succèdent donc dans le plus grand calme, l'auteur montrant l'incapacité à agir, l'impuissance face à une maladie qui efface tout. Tout, sauf peut-être l'envie de vivre, le manque exprimé d'une jeunesse saine perdue, l'amitié qui s'affiche dans les visages de ces connaissances à qui l'on rend visite, pour la dernière fois. Sans bruit, c'est une femme vacillante qui s'éteint, sous le regard bienveillant d'un homme qui refoule sa hargne, jusque dans une scène, pudique, finale. Désenchanté, « Sentados frente al fuego » est donc un film sur les moments précieux de la vie, incitant à profiter de ce qui est encore là, au maximum, quitte à manquer de sommeil. Car comme le dit si bien l'un des personnages, « Si tu dors, ça s'arrête. Et tu ne veux pas que ça s'arrête... »
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur