POUR TOUJOURS
Une possible vie de famille
Arturo et Alessandro vivent en couple depuis une quinzaine d’années. Mais avec le temps, Arturo a pris un amant. Quand Annamaria, la meilleure amie d’Alessandro, malade, leur propose de prendre ses deux enfants chez eux pendant qu’elle passe des examens à l’hôpital, ceux ci ne se doutent pas que cela va réveiller chez eux la fibre paternelle…
C'est avec une certaine délicatesse que le réalisateur Ferzan Ozpetek, découvert avec "Hammam, le bain turc" en 1997, auteur depuis de films plus grand public tels "Le Premier qui l'a dit", qui traitait aussi d'homosexualité, aborde une nouvelle fois ce thème. Mais les mœurs ayant évolué depuis, le mariage pour tous étant passé par là (même si l'Italie n'en est qu'à l'union civile depuis mai 2016), voici qu'il s'attaque au sujet sous l'angle de l'homoparentalité, bien décidé à montrer qu'une vie de famille et un sentiment d'appartenance ne sont pas forcément liés au genre des personnes impliquées.
Avec cette histoire de femme malade, souhaitant laisser la charge de ses enfants à ses amis, dont elle est très proche, plutôt qu'à ses parents, Ozpetek livre un mélodrame certes par moment larmoyant, mais tourné aussi vers un puissant élan de vie. Posant d'emblée certaines questions morales, comme l'adultère, en problèmes non forcément insurmontables ni condamnables, il affirme la vitalité de ses deux personnages principaux, l'un ayant un amant, l'autre, plombier, se faisant draguer régulièrement. Chacun vit la disparition de la passion de manière différente, mais l'amour est toujours là, en profondeur, derrière des apparences de délitement. Et la proximité qui se dessine avec les enfants, va aider, au moins à se poser les bonnes questions.
Certes le fond du discours sur la famille est assez commun (les enfants qui ressoudent le couple), mais le film recèle de jolis moments comme la complicité lors des devoirs, ou une fête endiablée où le couple danse sous la pluie. Alors que les relations se compliquent avec l'arrivée de la grand mère des enfants et l'évolution de la santé de l'amie (malgré cette « déesse fortune » du titre original qui est censée tout guérir), la mise en scène oscille entre quelques belles idées (garder pour soi quelqu'un en le fixant quelques secondes) et des symboles pas forcément très fins (les parallèles autour du placard). Mais subsiste une réelle émotion qui vaut bien le déplacement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur