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POUR LA FRANCE

Un film de Rachid Hami

Un film coup de poing sur la dignité

Ayant intégré l’école militaire de Saint Cyr, le jeune Aïssa est victime d’un accident lors d’un des exercices nocturnes imposés par les secondes années. Apprenant sa mort, sa mère et son frère Ismaël acceptent l’offre d’un enterrement au cimetière militaire, après une cérémonie militaire et religieuse aux Invalides. Mais rapidement la hiérarchie militaire les oriente vers d’autres lieux, arguant qu’il n’est pas mort au combat…

Pour la France film movie

S’ouvrant sur un chant des commandos,"Pour la France" propose non seulement une histoire de deuil, mais scrute surtout les rapports au sein d’une famille et entre deux frères. Le film se construit en mêlant trois temporalités, celle contemporaine du deuil, celle de l’enfance en Algérie (1992) où la famille était encore unie, et celle d’un moment bien particulier, alors qu’Ismaël rendait visite à Aïssa à Taipei, où il terminait ses études de Science Po. Rachid Hami ("La Mélodie"), qui s’inspire ici de l’histoire de son propre frère Jallal, évite les écueils d’un récit accusateur autour du « bahutage » ou « bizutage », pour privilégier l’apaisement et l’exigence de dignité. Dévoilant peu à peu les traumatismes de l’enfance des deux garçons, liés au rapport au père, aux conséquences de l’islamisme et à la différence de perception de l’exil, c’est l’histoire d’une famille issue de l’immigration et déjà éprouvée qui se dessine avec doigté.

Cette dignité s’incarne avant tout au travers du personnage de la mère, tantôt à fleur de peau, tantôt sur la défensive, formidablement interprétée par Lubna Azabal ("Incendies", "Tel Aviv on fire"). Mais elle se retrouve aussi dans le regard de ce frère qui « a fait les mauvais choix », toujours méprisé et mis de côté, considéré comme raté ou incapable, mauvaise graine ou source de problèmes. Un personnage qui recherche à trouver grâce aux yeux de sa mère et de son frère, faute d’avoir dû trancher avec son père. C’est Karim Leklou qui joue ce rôle d’Ismaël, avec une incroyable intensité, maladroit contrepoint de son frère Aïssa, incarné par Shaïn Boumedine ("Mektoub, my Love", "Placés") lumineux, entre charisme et détermination implacable. Avec une émotion affleurante sur quasi la totalité du film, "Pour la France" allie qualités de mise en scène et finesse d’écriture permettant de tisser un grand drame intimiste.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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