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POUR L’ÉTERNITÉ

Un film de Roy Andersson

J'ai vu un homme faire un film

Un homme et une femme, serrés l’un contre l’autre, flottent dans les airs. Un prêtre perd peu à peu la foi. Un homme solitaire voit son quotidien lui peser de plus en plus…

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Le monde de Roy Andersson est décidément bien étrange. On comprend immédiatement qu'il est essentiellement caractérisé par une ambiance particulière. Celle-ci est construite par une photographie superbe, dominée par des couleurs sombres et froides, essentiellement grisâtre, qui nous propulse dans un univers parallèle. Le temps semble s'y écouler au ralenti, ou bien à un rythme alternatif. Les décors semblent artificiels, comme si l'on se trouvait dans un monde sous cloche. C'est une gigantesque bulle, qui pourrait représenter l'univers mental du réalisateur.

La tonalité si particulière de ce film tient à son double registre. Il est d'une part mystérieux et mystique. Il baigne dans une irréalité propice à l'apparition de visions stupéfiantes, qui mêlent sacralité et apocalypse. Mais il est également profondément ironique. Car il s'agit avant tout d'une comédie, constituée d'une succession de saynètes comiques, mises en scènes en plans fixes et larges. C'est un mélange d’humour collectif pince-sans-rire à la Jacques Tati, et d’onirisme à la Luis Bunuel. Il fonctionne comme une sorte de recueil de poésies ou de nouvelles, qui n'ont en apparence aucun sens, mais qui revêtent une portée philosophique et qui invitent à la réflexion.

On regrettera en revanche le manque d'ambition du métrage, récompensé du prix du meilleur réalisateur au Festival de Venise 2019. Bien trop court, il laisse un goût d’inachevé et ne va malheureusement pas au bout de sa démarche.

David ChappatEnvoyer un message au rédacteur

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