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POLICE

Un film de Anne Fontaine

Un scénario trop facile ?

Virginie, Erik et Aristide sont trois flics qui font face tous les jours à la misère et à la violence de la société, quand ils n’y sont pas confrontés eux-mêmes. Un soir, par un concours de circonstances, ils se retrouvent tous les trois sur la même mission, qui ne rentre pas dans leurs attributions usuelles. Ils doivent emmener un étranger à l’aéroport, dans le cadre d’une reconduite à la frontière. Mais Virginie, intriguée par l’homme, décide, malgré l’interdit, d’ouvrir son dossier…

Police film

Si le nouveau film d’Anne Fontaine (réalisatrice du surprenant "Blanche comme Neige", du très beau "Coco avant Chanel" ou des désormais classiques "Entre ses mains" et "Nathalie…") a une grande qualité, elle réside dans la caractérisation puis l’incarnation de ses personnages. Le film démarre en effet par trois chapitres parfaitement dosés (correspondant aux prénoms des trois policiers concernés), présentant la situation de chacun, aussi bien d’un point de vue personnel que professionnel. Entre une femme haineuse, une vie de célibataire et l’évitement d’une soirée familiale, l’auteure dresse le contexte personnel de chacun, tout en ménageant cependant la nature du trauma d’au moins deux d’entre eux. Mais surtout, elle traite au passage de la dureté du métier de policier (mobilisation jour et nuit, familles impactées par leur boulot...), de la misère morale et sociale à laquelle ils font faire face tous les jours (une mère ayant volontairement mis son enfant dans un frigo, un mari extrêmement violent…).

Si la mise en place est plutôt réussie, revenant sous divers angles sur les mêmes moments d’une journée, la suite, malheureusement, pêche sans doute par excès de bonnes intentions. Posant la question éthique de la reconduite (ou non) à la frontière d’un homme dont on sait pertinemment qu’il sera tué, une fois de retour dans son pays, le scénario était pourtant porteur d’un dilemme déchirant et avait donc de quoi nourrir un drame intense. Mais une fois les trois personnages embarqués dans un trajet les menant à l’aéroport avec le migrant à bord, c’est la crédibilité, autant des réactions des uns des autres que des dialogues, qui semble faire défaut. Jamais on ne croit à la naïveté du personnage joué par Virginie Efira, malgré ses déboires personnels, jamais on ne croit à la manière de réagir du personnage inflexible de Grégory Gadebois… Et on se dit, au fond, que ce type de dilemme aurait sans doute mérité de ne pas être mélangé avec une situation d’urgence comme celle-ci, qui rend forcément la problématique inextricable sans tomber dans le politiquement correct ou l’excès de naïveté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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