THE PLUTO MOMENT
The boring moment
Cette recherche pour filmer un chant folklorique traditionnel lors d’obsèques – le fil rouge scénaristique – permet en réalité de sonder les sentiments et les désirs des hommes et des femmes, en particulier de son personnage principal et de ceux qui l’entourent (ceux du réalisateur pour sa jeune camérawoman puis ceux d’une femme d’un village pour le réalisateur), le tout étant traité avec pudeur. En cela, le réalisateur réussit à capter tous les non-dits qui s’installent entre les différents personnages, les révélant par les gestes et les regards, pour comprendre les sentiments et la tension sexuelle qui sont présents mais qui ne vont pas plus loin que le désir. Le long-métrage propose également une vision de la Chine des montagnes, plus campagnarde, dans laquelle sont projetés ces citadins, et où la place du parti unique reste importante.
Le film prend son temps, et c’est en s’enfonçant dans la forêt que le réalisateur parviendra à capter le moment qu’il souhaite. Le problème c’est que l’on s’ennuie rapidement à suivre les pérégrinations de ce groupe en forêt. Le rythme lent, peut-être trop contemplatif, ainsi que des personnages trop secondaires dont l’évolution dans le scénario frise le néant (le jeune acteur et la productrice passent au second plan) déconcertent quelque peu. Le dernier acte s’avère beaucoup moins intéressant (la cérémonie traditionnelle) et le cut final arrive comme un cheveu sur la soupe. On est surpris de voir le générique de fin apparaître comme si, une fois le but atteint par les protagonistes, il ne servait à rien de continuer le film.
"The pluto moment" parvient, par moments, à capter notre attention : premièrement dans son étude des relations entre certains personnages, deuxièmement dans sa vision d’une Chine rurale ancrée dans les traditions (en opposition totale avec la ville) et troisièmement en captant la difficulté de la création artistique. Cependant, le rythme lent, la réalisation plate et la fin abrupte ne nous encouragent pas à aller en forêt avec eux. Un moment assez raté.
Kevin GueydanEnvoyer un message au rédacteur