Festival Que du feu 2024 encart

PIL

Un film de Julien Fournet

Des aventures rocambolesques et jubilatoires

Dans la cité médiévale de Roc-en-Brume, Pil, jeune orpheline, vit de petits larcins, dérobant ce qu’elle peut de nourriture, avec l’aide des animaux qui l’entourent. Faisant la connaissance d’un jeune troubadour prénommé Rigolin, elle s’introduit dans le château, et est témoin des manigances du régent Tristain, désireux d’usurper le trône en évinçant le prince Roland. Celle-ci ayant par mégarde modifié la potion que ce dernier devait avaler, le voilà transformé en une créature à moitié chat, à moitié poule. Sortant du château déguisée en princesse, Pil, avec l’aide de ses amis, va devoir secourir le chapoul et l’aider à redevenir humain, afin d’empêcher Tristain d’accéder au pouvoir…

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"Pil" restera sans doute comme la très bonne surprise de cet été 2021 en termes d'animation. Produit par la société toulousaine TAT Productions ("Les As de la jungle", "Terra Willy"), le film nous plonge dans une cité médiévale dénommée Roc-en-Brume, à la fois inspirée de Rocamadour, Cordes sur ciel, Saint-Cirq-Lapopie et des Citadelles de Montségur et Quéribus. Dès l'introduction, où l'on suit une sorte de raton laveur s'introduisant dans l'enceinte fortifiée à la recherche de nourriture, ce sont ces décors de ruelles étroites, d'échoppes ouvertes sur la rue, d'espaces publics surpeuplés, qui sont mis en avant, jusqu'à la découverte de l'héroïne, perchée en haut d'une tour avec ses deux fidèles fouines chapardeuses.

Passant pour un lutin voleur lorsqu'elle met sa capuche, celle-ci a un look de punkette lorsque ses cheveux sont à l'air libre, et joue habilement avec cette légende absurde montée autour d'elle, à laquelle croient aussi bien les habitants qu'un garde dénommé Crobar, qui s'est juré de la capturer, mais ne la reconnaîtra pas habillée en princesse. Le scénario s'avère rythmé et très bien ficelé, détournant les codes d’intrigues moyen-âgeuses, entre prince blond un rien simplet, potions magique transformant ici en chapoule (mi-chat, mi-poule... au cri bien étrange qui arrache forcément un sourire à chaque fois qu'il résonne), bois maudit et sa sorcière, trésor caché à base d'énigme, manœuvres assassines, quête pas forcément des plus nobles, et… licorne !

La grande force du projet réside non seulement dans son héroïne un rien féministe et dans une mise en scène toute orientée vers l'action, mais surtout dans sa kyrielle de personnages secondaires plus drôles les uns que les autres. Du garde Crobar pas très futé (dont les malheurs feront rires les plus petits), à la chaussette que Rigolin anime en mode ventriloque (Maître Crapulo, aussi drôle dans ses blagues anti-nobles, que dans ses réactions râleuses et franches...), en passant par le chapoule, le bulldog et son os couineur, le chef des troubadours à l’accent de Francis Cabrel, ou le mystérieux berger des montagnes, tous donnent au film une tonalité bien particulière. Quant à la réalisation, elle regorge d'idées farfelues et réjouissantes. Pour exemple, l'utilisation soudaine des rythmes des sabots des chevaux, du fauchage à la serpe, des pieds écrasant le raisin, ou du linge sur les rappes des lavandières, pour générer une chanson collective, fournit au spectateur un plaisir indéniable. Des aventures à ne pas manquer, qui emballeront petits comme grands.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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