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PIERRE CARDIN

Un documentaire tout à la gloire du créateur-mécène

Comment Pierre Cardin s’est imposé comme une griffe, a transformé son nom en marque, l’apposant sur des dizaines de produits différents et amenant la haute couture dans le domaine du prêt-à-porter…

Pierre Cardin film documentaire

Le documentaire "Pierre Cardin" (au titre plus approprié en anglais : "House of Cardin") est un projet qui apparaît finalement peu lisible dans ses intentions. Il se pose avant tout en portrait flatteur d'un homme imprégné par un don pour le marketing, génie de la couture certes, mais capable de bousculer les modèles existants (en se lançant contre ses pairs, dans le prêt-à-porter) et de transformer son nom en marque multi-produits (robes, parfums, bijoux...). Apportant certes quelques éclairages intéressants sur l'amplitude de son empire (il est aussi designer de meubles...) au travers d'images d'archives, de témoignages de proches, l'importance de l'argent apparaît aussi comme un fil rouge de ce récit, quelque peu déstructuré.

Le discours de Philippe Starck est d'ailleurs particulièrement intéressant, quant à la différence d'approche avec Cardin, venant d'ailleurs complexifier encore la perception d'un homme qui a pourtant beaucoup misé pour la reproduction. Clair sur son désir d'habiller toutes les femmes, peu approfondi sur le processus créatif, même si les principales étapes de sa vie professionnelle et de son positionnement sont là, le documentaire bascule de manière presque incongrue dans sa dernière partie, sur quelques aspects de la vie privée de l'homme, entre femmes et hommes. Un mélange qui aurait pu être judicieux, s'il avait aussi concerné l'ensemble de sa vie, en creusant des traits de caractère qui transparaissent au travers des extraits de reportages où il intervient.

Autre souci, le film n'aborde que l'aspect « bienfaiteur » de l'homme, mécène d'artistes, collectionneur d'art nouveau, créateur de lieu de spectacle. Peu après la sortie d'un autre documentaire ("Cyril contre Goliath", qui met en évidence, au travers de l'exemple, justement, de Pierre Cardin lui-même, la propension de certains riches à s'accaparer des lieux, les privatisant pour des happy-few de leur choix, au mépris de la vie locale), le film apparaît du coup complètement partial dans ses intentions visant à rendre un hommage. On ressort du coup du métrage en ayant appris peu de choses, ni sur le génie créatif de l'homme, ni sur sa vraie personnalité, ni sur les aspects éthiques et "ouverts à tous" de ses actes de mécène. Mieux valait peut-être rester sur la notion de « Maison Cardin ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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