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PIELES

Un film de Eduardo Casanova

Un délire inspiré et borderline sur la différence

Dans une sorte de maison close, un homme se voit proposé de faire souffrir une gamine de 11 ans. Une fois dans la pièce, il découvre que celle-ci n’a pas d’yeux...

Diffusion sur Netflix à partir du 1er avril 2017

Produit par Alex de la Iglesia ("Balada triste"), "Pieles" est le premier film d’Eduardo Casanova, remarqué dans la section Panorama du Festival de Berlin 2017, qui crée ici un univers singulier dans lequel il n’hésite pas à montrer des gens différents. Dans un prologue captivant il pose un postulat de départ qui guidera l’ensemble de cette œuvre, dont certains aspects désenchantés font penser à Todd Solondz : « certains sont nés pour souffrir ».

Cru et presque sans limite côté mauvais goût assumé, son scénario fait se croiser divers personnages aux différences marquées, sortes de « freaks » du monde moderne, pour mieux parler de leur perception d'un monde pas plus hideux qu'eux et du difficile contact avec les autres. Entre la jeune fille à la "tête de cul", le garçon qui ne veut plus de ses jambes, la lesbienne obèse qui a besoin d'argent, la jeune fille aux yeux de diamants, la naine déguisée en ourson rose, et la femme au visage qui tombe, la galerie de personnages convoque à la fois humour corrosif, autodérision et gêne réflexive.

Grand moment du bizarre, "Pieles" est un conte macabre mêlant rires et larmes, dont on saluera l’impressionnante direction artistique, arrivant à baigner de rose, violet et mauve la plupart des décors, y compris les plus improbables (une ruelle glauque jonchée de sacs poubelles…). Osant tout, même la poésie la plus glauque, Eduardo Casanova aborde la difformité physique sans retenue, livrant notamment une incroyable scène d’anniversaire. N’hésitant pas à traiter des pires perversions ou pulsions humaines (viol, inceste…), il émeut par une certaine vision de la solitude et de la noirceur du monde.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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