PHOENIX
Peu crédible
Nelly a survécu aux camps d’extermination nazis. À sa sortie d’Auschwitz, ayant subi une reconstruction faciale, elle tente de reprendre contact avec son mari…
Le thème du retour à la vie est au centre du nouveau film du réalisateur prodige allemand Christian Petzold, auteur du remarquable "Yella" et du remarqué "Barbara". Le titre à lui seul est assez clair, mais pas des plus légers : la femme juive ayant échappé au four crématoire sensé l'avoir réduite en cendres, renaît justement comme un phœnix de ses cendres. Cette femme détruite dans sa chair retrouve un physique quelle souhaite identique, en même temps qu'une identité dans une Allemagne qui panse ses blessures mais refuse de regarder ses responsabilités en face.
Les premières scènes laissent augurer du meilleur, laissant planer le doute sur les résultats de l'opération de cette femme, tête bandée, errant dans les couloirs d'un hôpital anonyme. Toujours accompagné de son actrice fétiche, Nina Hoss, voici que Petzold plonge cette fois-ci son héroïne dans les lendemains douloureux de la Seconde Guerre Mondiale, en s'inspirant très librement du roman « Le Retour des Cendres » de l’écrivain français Hubert Monteilheten, et s'intéressant au retour d'une juive allemande au milieu de ceux qui l'ont jadis fuis par peur ou par adhésion au régime totalitaire mis en place par Hitler.
Les deux acteurs principaux font ce qu'ils peuvent pour nous faire croire à cette histoire abracadabrante de mari incapable de reconnaître celle qui fut sa femme et lui demandant de se faire passer pour cette dernière afin de toucher un héritage. Pas crédible une seconde ce postulat de départ enfonce peu à peu le récit dans des dédales à la limite du supportable, à force de jouer sur plusieurs tableaux, en insistance malsaine du mari pour formater celle-ci et faux mystères concernant une demande de divorce faite au lendemain de sa capture. On hésite entre en rire et se désespérer.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur