PETITS CONTES SOUS L'OCÉAN

Un recueil puissamment évocateur

Un petit pingouin n’ose pas sauter d’une falaise. Un garçon croit voir le commandant Cousteau près de chez lui, en pleine ville. Une légende insulaire explique les couleurs multiples des poissons. Un marin gigantesque s’affaire pour une traversée. Un poisson se retrouve coincé entre les rochers. Autant de petites histoires autour de la mer, des créatures qui la peuplent, et des humains qu’elle fascine…

"Petits Contes sous l’Océan" est un recueil captivant de 5 courts métrages centrés pour certains sur les animaux qui peuplent les mers (pingouins, poissons et autres créatures), et pour d’autres sur le rapport de l’homme à celles-ci. "Le Saut du Pingouin" (Russie, 2022, 5 mn) ouvre le programme, sans paroles, avec un dessin aux aspects duveteux et donc aux traits grossiers, sur fonds façon pochoirs, avec une neige tombant en permanence en superposition. Certainement le court métrage le plus faible de l'ensemble, il permet de suivre les premiers pas d’un jeune pingouin suivant la troupe, mais incapable d’effectuer un saut depuis une falaise. Entre menace d’un orque et refuge trouvé au milieu des algues, on imagine qu’il s’agit là d’une histoire de courage qui parlera aux plus petits, la multiplication soudaine des couleurs n’étant pas des plus limpides même si elle est de bel effet.

Deuxième segment, "Le Petit Cousteau" (République Tchèque, 2013, 8 mn) s’adresse peut être à un public légèrement plus âgé, car tout n’est ici qu’évocation de la présence du fameux marin, qu’admire plus que tout un jeune garçon arborant en permanence un masque et un tuba. Autour de lui, son imagination bouillonnante fait s’envoler son chat suspendu à un ballon jaune et voit les cheminées alentour danser comme en musique, avant qu’il ne se retrouve embarqué sur les traces de Cousteau aperçu dans la rue ou dans un appartement voisin. Un bel hommage, plein de poésie, qui évoque avec douceur la disparition, la persistance du souvenir et un certain passage de relais, le tout sans paroles. S’ensuit "Idodo" (Suisse, Papouasie-Nouvelle-Guinée, États-Unis, 2021, 10 mn), très joli conte venu des îles, raconté en voix-off par un grand père pêcheur que l’on aperçoit au début auprès de sa pirogue. Il s’agit de celle de poissons du récif, sortant de l’eau chaque jour en l’absence des gens du village, se transformant en hommes et se parant de couleurs pour faire la fête. On admirera le travail sur les décors, avec de nombreux dessins géométriques type tribaux pour la végétation ou pour l’écume, alors que les personnages sont eux plus schématiques, composés d’aplats de couleurs.

Quatrième court métrage, esthétiquement très séduisant, "Le Marin et la feuille" (République tchèque, 2020, 6 mn) l'est notamment par les jeux sur les perspectives et les variations de taille d’un marin à la barbe orange, au bonnet rouge et au maillot fait de traits bleus séparés, arborant fièrement une pipe. Si l’objectif ultime de celui-ci n’est pas limpide, la traversée est de toute beauté, l’homme étant au four et au moulin, et aspirant visiblement à un peu de calme, en traversant la ville d’arrivée à grandes enjambées pour rejoindre une campagne qu'il a l'air de connaître. Les plus petits devraient sans doute faire preuve d’étonnement face à ce film aux aspects crayons et pastels. Enfin le recueil se clôt avec un film du même niveau, le très beau "Le Hareng" (Suisse, 2023, 9 mn), dans lequel on suit le poisson du titre dans ses rencontres avec d’autres créatures (crabes, coquillages, anémone, étoile de mer, mouette...) trouvant ici des compagnons espiègles et joueurs, capables d’entraide face au danger. Également sans paroles, cette conclusion orientée vers la découverte des autres est un vrai régal de drôlerie et de poésie.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire