Festival Que du feu 2024 encart

PETITES

Inconstances

Camille, enceinte à 16 ans, est placée dans un centre maternel sur décision d’une juge pour enfants. Elle est donc séparée de sa mère, avec laquelle elle entretient une relation à la fois fusionnelle et toxique. Elle fait notamment la rencontre de Nadine, l’éducatrice principale du centre, et d’Alison, une adolescente maman d’une petite Diana…

Petites film movie

Julie Lerat-Gersant, plus habituée des planches de théâtre (comme comédienne et parfois comme autrice ou metteuse en scène), arrive au cinéma de quasiment nulle part, n’ayant avant ce premier long métrage qu’une expérience de co-scénariste d’un film passé inaperçu ("Aland" de Thomas Germaine). Avec un tel CV, on a d’abord un peu peur que "Petites" ait un style trop théâtral et statique. Finalement, il y a bien une tentative de mettre à profit le média cinématographique, mais ça part un peu dans tous les sens.

On a droit à des séquences bien chiadées qui collent aux personnages ou qui tentent des points de vue intéressants, notamment un magnifique basculement avec l’héroïne tête en bas sur une balançoire, mais aussi une belle scène de danse sous la pluie ou encore une volonté régulière de filmer depuis le sol ou en-dessous de la hanche, comme pour signifier un point de vue enfantin dans cette histoire de mère ado et de relation filiale… Malheureusement, Julie Lerat-Gersant nous sert également des scènes d’une platitude désolante, avec des situations qui sonnent faux comme dans un mauvais téléfilm (par exemple le moment où des flics disent à Camille que c’est dangereux de faire du roller la nuit, avec une affreuse lumière bleue de gyrophare et des comportements peu naturels).

Côté scénario, ce n’est pas non plus toujours très convaincant, alors que "Petites" pose des questions pertinentes (entre autres : qu’est-ce qu’être mère ?). Si les bouleversements et tiraillements du personnage principal sont plutôt bien traités, tout comme sa relation malsaine avec sa mère irresponsable, on peine à ressentir des émotions devant un film qui devrait pourtant nous secouer – et c’est finalement plus avec la petite Diana, fille d’un personnage secondaire, que l’on a les sensations les plus fortes. D’autre part, même si Julie Lerat-Gersant n’a évidemment pas l’intention de faire un film pédagogique sur les centres maternels, le traitement de ce lieu s'avère brouillon et on a du mal à comprendre son fonctionnement : tantôt les personnages ressentent un enfermement digne d’une prison, tantôt les jeunes filles semblent livrées à elles-mêmes et libres de circuler n’importe où, sans le moindre contrôle !

Heureusement, il reste une réussite plus homogène : l’interprétation. Pili Groyne, que l’on avait découverte plus jeune en fille de Dieu dans "Le Tout Nouveau Testament", est très juste dans ce rôle à fleur de peau ; Victoire Du Bois (vue notamment dans "Call Me by Your Name" et entendue dans "J’ai perdu mon corps") incarne parfaitement sa mère immature qui se comporte plus comme une sœur ou une copine ; Romane Bohringer est impeccable en personnage référent qui fait ce qu’elle peut avec les moyens qu’elle a ; Lucie Charles-Alfred (découverte dans "Placés" et "La Traversée") est une boule de nerfs permanente ; et la petite Suzanne Roy-Lerat est tellement touchante qu’on a envie de la serrer dans nos bras pour la protéger !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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