PETIT VAMPIRE
Un long métrage plein de tendresse
Voilà 300 ans que Petit Vampire a 10 ans. Il vit dans une maison au cap d’Antibes, entouré d’une bande de monstres sympathiques. Mais il s’ennuie ferme. Un soir, il décide de se rendre à l’école, aidé par ses amis, qui font croire qu’il participe à l’éternel ciné-club du manoir. Commence alors un dialogue avec Michel, un petit garçon qui occupe le même bureau que lui, mais en journée…
Adaptation très attendue de la série de bandes dessinées signées Joann Sfar, "Petit Vampire" s’avère fidèle à l’esprit de la BD (publiée depuis 1999), tout en marquant une certaine évolution graphique par rapport à la série télévisée (créée en 2004), au dessin plus tremblant et aux ombrages hachurés. Passé par le Festival d’Annecy 2020 dans sa version virtuelle, le film revient aux origines du personnage en transposant trois albums ("Le Serment des pirates", "La Maison de la terreur" et "On ne joue pas avec la vie"). Avant le générique, il s’ouvre d’ailleurs sur une scène onirique expliquant comment le fils de Pandora est devenu un petit vampire de 10 ans d’âge éternel. Et l’intrigue, qui se déroule 300 ans plus tard, se centre par la suite sur le souhait du héros d’être un enfant comme les autres, désir passant par le fait d’aller à l’école et d’avoir un ami humain.
Les petits seront sans doute séduits par la bande de personnages amusants qui gravitent autour du héros, du chien rouge à l’accent du midi, à Marguerite, sorte de petite créature de Frankenstein, en passant par le crocodile idiot, voire par les agissements des sbires du méchant. Les grands, eux, apprécieront quelques références comme celles au tableau "Le Cri" d’Edvard Munch ou au cinéma horrifique ("L’Étrange Créature du lac noir", "Dracula"), ou reconnaîtront les décors de la ville d’Antibes, dont les plus belles vues ont été soigneusement mises en valeur. Le graphisme en 2D (le métrage devait être initialement en images de synthèse) gagne en harmonie de couleurs, formant un ensemble des plus cohérents. Quant à l’humour, omniprésent, il joue délicieusement sur les mots.
Transcrivant à la fois l’envie de grandir, le besoin d’amitié, les petites désobéissances de l’enfance mais aussi l’inconscience nécessaire de la jeunesse, ou encore le désir de voir sa différence reconnue, "Petit Vampire" met surtout en évidence la nécessité de ne jamais oublier cette période enchantée que peut être la vie ! Évoquant ainsi des sujets sérieux en filigrane, ce film d’animation, qui s’adresse aux plus de 6 ans, adopte également une musique bien différente de celles des films d’horreur, pleine de sonorités du midi, qui vous réchauffent le cœur et qui affiche, au travers du personnage du petit humain, un regard plein de tendresse sur l’enfance.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur