PERSONNE NE SAIT QUE JE SUIS LÀ

Sortie le 24 juin 2020 sur Netflix

Derrière le beau titre de "Personne ne sait que je suis là", se cache avant tout une vraie tendresse. Premier long métrage réalisé par Gaspar Antillo (également coscénariste), ce film chilien est centré sur un personnage marginalisé que l’on accompagne dans sa profonde tristesse. Sans connaître tous les détails de son passé, on comprend progressivement que, durant son enfance, ses talents de chanteur avaient été exploités au profit d’un autre garçon, sa voix étant utilisée mais son surpoids considéré comme un obstacle ne permettant pas d’obtenir le succès espéré, cette injustice l’ayant ainsi conduit à cet isolement social.

La réalisation peut parfois dérouter, avec quelques passages et certains choix de musique qui tranchent étrangement avec l'ensemble. Cela semble aussi patiner un peu par moments, à cause de la lenteur et de l'impression d'avoir tout deviné, au point de penser que l’enjeu du récit est circonscrit à la possibilité – ou non – d’une romance entre Memo et Marta, une jeune femme qui essaie de nouer une relation avec lui malgré son mutisme et son comportement fuyant. L’attachement pour le personnage principal reste suffisant pour que l’on accepte les défauts du film et les quelques moments d’ennui. Mieux : le dénouement peut finalement surprendre et on se rend compte a posteriori que la mise en scène était plus subtile qu’on ne le croyait !

Toujours est-il que la réalisation n’est pas le principal atout de "Personne ne sait que je suis là" : Jorge Garcia (connu notamment pour avoir interprété Hurley dans la série "Lost") est impeccable, avec un jeu touchant et juste, au point de porter en grande partie le film. D’autre part, la chanson "Nobody Knows I’m Here" (bel et bien interprétée par Garcia lui-même) est efficace et reste agréablement dans la tête, permettant de faire vivre le personnage plus longuement – et on peut la réécouter à loisir sur la chaîne YouTube du compositeur Carlos Cabezas.