LE PÈRE D’ITALIA
Égarés
"Le père d’Italia" est le troisième long métrage de cinéma de Fabio Mollo, après "Il sud è niente" et le documentaire choc "Vincenzo da Crosia". Suivant les traces de Paolo, un jeune homosexuel en plein désarroi depuis sa rupture, son scénario se transforme progressivement en road trip emmenant son anti-héros et la jeune femme, dynamique mais toute aussi perdue que lui, qu’il accompagne, depuis Turin jusqu’au sud de l’Italie, en passant par Rome et Naples. Au fil du parcours, c’est à la fois l’instabilité de la belle et les désirs de paternité du personnage principal qui se font jour, au grès de rencontres qui convoquent deux familles de natures différentes, la morale chrétienne comme les conséquences de la « discrétion ».
Incarnant à merveille le désarroi quotidien comme une tendre complicité qui grandit, Luca Marinelli (vu récemment dans "Una questione privata" des frères Taviani, ou dans "On l'appelle Jeeg Robot") et Isabella Ragonese (découverte dans "Leopardi, Il giovane favoloso" et "La nostra vita") forment un duo crédible de bout en bout. Lui, fait des merveilles dans les scènes mélancoliques, comme celle d’adieux les yeux embués au téléphone ou celle
Si certaines scènes ne sont pas forcément toute utiles (le passage où elle exprime sa douleur en chantant sur scène...), Fabio Mollo fait preuve d’une approche délicate de ces deux solitudes entrecroisées, grâce à un travail attentif sur l’éclairage, le son, et un montage dynamisant même les scènes les plus tristes. En quelques passage baignés de musique (la boîte de nuit, le vol de la robe de mariée…), le monteur Filippo Montemurro donne le ton égaré ou insouciant. En quelques notes aérienne, le compositeur Giorgio Giampà laisse entendre le douloureux mélange entre regrets et espoirs. Et au final, ce portrait d’un homme en pleine maturation bouleverse à plusieurs reprises, face aux a priori des autres, au désir de paternité, à l’espoir d’un homo italien d’entrevoir enfin « un futur ».
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur