LE PERE DE MES ENFANTS
Superficiel
"Le père de mes enfants" a forcément attiré sur lui tous les regards lors de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs 2009, car il s'agit ici d'une fiction-hommage autour du célèbre producteur français, suicidé il y a quelques années, Humbert Balsan. Mia Hansen Love ("Tout est pardonné"), dont il devait produire le second film, a décidé d'imaginer l'avant et l'après de sa mort, tournant résolument son film vers sa relation à ses proches, mais aussi au cinéma. Car ce producteur était connu à la fois pour sa véritable passion du cinéma, son respect des auteurs et son humanité.
Aussi, au bout de quelques dizaines de minutes, on se demande où veut en venir la jeune réalisatrice, qui nous décrit d'abord ses ennuis, ses coups de gueules, présentant l'homme comme un battant, luttant contre la terre entière : l'Europe, le paiement des traites, les grèves, les problèmes de tirage de copies, la banque qui refuse de nouveaux prêts... On est bien convaincu que l'homme était débordé, mais on ne voit pas bien où étaient ses priorités ou ses points d'équilibre dans cette esquissée spirale.
Aussi, quand arrive le suicide, on se fout un peu de ces jolies scènes de famille éplorée, où un chagrin compréhensif semble étalé. Peut-être qu'en effet, il "les a oubliés" en route, peut-être qu'il était un producteur engagé et sincère, désireux d'aller jusqu'au bout de ses films, peut-être qu'il avait un fils caché, et peut-être que "sa mort n'annule pas toute sa vie". Mais que de fatalisme, que d'humain relégué au second plan face à un cinéma d'auteur porté aux nues. On en reste perplexes, et surtout, on se demande bien qui d'autres que les gens qui connaissaient l'homme en question, ce film pourra passionner. D'autant que sur la fin, la légèreté et la suggestion ne sont clairement plus là, avec une navrante scène dans la société en liquidation, où l'on fait dire quelques dialogues de trop à des fillettes bien trop éveillées pour être vraies.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur