PENDULAR
Un film qui peine à décoller
Un couple de créateurs vit dans un bâtiment abandonné. Lui est artiste contemporain, féru d’installations, elle est danseuse. Il crée des formes et elle des mouvements. Il cherche et elle découvre. Entre eux s’installe une distance qui met leur amour à l’épreuve…
"Pendular", comme son titre l’indique, va être un film sur le mouvement et sur l’équilibre, sur les oscillations, les montées et les descentes. Pourtant le film reste très statique et sans très grandes tensions. Les personnages ne sont pas présentés et le lieu, tout particulier, où ils vivent non plus. Ils sont dans cet immense espace abandonné où chacun à son endroit. Son univers à lui est soumis au principe d’entropie, alors que chez elle tout se concentre et se resserre. C’est au bout d’un certain temps que l’on comprend qu’il est en train de préparer une nouvelle installation et qu’elle travaille à de nouveaux spectacles.
Le premier numéro de danse est une vraie réussite. Mais c’est une réussite de danse plus que de cinéma, car la caméra ne vient pas ajouter au travail d’équilibre entre deux chaises qui est celui de la danseuse. Le seul moment où les deux, la caméra et la danseuse, semblent travailler ensemble, et où le couple semble avoir quelque chose en commun, est cette scène pleine de légèreté où la danseuse avec son partenaire joue avec une structure en métal circulaire. Toutes les scènes de danse sont cela dit réussies, que ce soit les échauffements, les répétitions, ou même le moment d’errance final sur la grande pièce de bois qui tourne sur elle-même.
Cette pièce circulaire, cette immense assiette creuse avec un fond arrondi, qui roule sur elle même tout en ayant en son centre un point lourd et stable, pourrait être une métaphore du film. Lui est le point lourd et stable dans la vie de mouvement et de déséquilibre qu’est la sienne. Mais alors qu’elle est sa vie propre à lui ? Il dit ne pas savoir ce qu’il fait et ses œuvres sont toujours laissées hors champs. Il a l’air triste et fatigué, ailleurs et sombre, vide de toute créativité, de toute joie de vivre. Leur couple est si différent. Si peu cohérent et crédible. Les seuls moments de contact, de sexe, apparaissent alors comme peu justifiés, et plus qu’une communion, ce sont deux solitudes qui se rentrent dedans.
"Pendular" est l’histoire d’un couple qui ne sait pas communiquer. Mais en ne se disant rien l’un à l’autre, le spectateur reste dans l’ignorance et risque de tomber dans l’ennui.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur