PEINDRE OU FAIRE L’AMOUR
De la difficulté de choisir
Un titre racoleur pour un film qui ne l’est pas. Loin d’assister à une éloge du sexe ou à un film sur la vie de peintres onanistes, c’est à la vie d’un couple à la normalité presque affligeante que l’on assiste dans ce film. Pourtant, de scène en scène, une forme d’inconfort va progressivement s’installer. Nos deux personnages rencontrent Adam (Maire du village, aveugle de surcroît) et Eva (sa femme), qui vont peu à peu bouleverser leur vie et leurs habitudes.
De choix, il n’est finalement presque pas question, les scènes se succèdent et c’est, semble-t-il tout naturellement, que William et Madeleine vont découvrir les joies de l’échangisme. Ici, le sexe, et finalement l’échangisme à proprement dit, ne sont que suggérés, comme laissés à la libre interprétation de spectateurs qui, s’ils sont trop candides ne verront aucun mal dans la situation ou au contraire, pour les plus pervers, imagineront les pires dépravations.
Une fois encore, les frères Larrieu imposent leur touche. Avec des décors et une photo magnifiques d’abord, ces scènes de montagne auxquelles ils nous ont habitué depuis « La brèche de Roland » ou « Un homme un vrai », et surtout cette maison dont la beauté presque irréelle en fait un personnage à part entière, mais aussi avec des dialogues de qualité, et une ambiance un peu décalée…
Le décalage et la beauté sont bien ici les maîtres mots, jamais la vulgarité ne prendra le dessus, et c’est bien une vision idyllique de la sexualité et de l’échangisme qui nous est présentée ici. Même la seule scène clairement suggestive arrive à propos et est filmée avec respect et sensibilité. On soulignera la présence désormais presque habituelle du chanteur Philippe Katerine, mais aussi les très bonnes prestations des quatre acteurs principaux qui donnent réellement à la fois la retenue et l’émotion nécessaires à leurs personnages.
« Peindre ou faire l’amour » est donc un film réussi, qui nous offre un sujet original et surtout un paradoxe entre un film particulièrement touchant, mais au final un peu dérangeant ou oppressant. On ne peut qu’encourager ici les frères Larrieu à continuer dans cette voie…
Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur