THE PEDDLERS
Flic ou voyou
Mettant en parallèle les destins d'un jeune flic et d'un voyou, sur fond d'enquête sur un trafic de drogue en provenance du Rajasthan, «The Peddlers » nous convie moins à une enquête palpitante qu'à une peinture d'une Inde urbaine où les gens s'entrecroisent sans vraiment se connaître, et à un triple portrait réunissant deux hommes et une femme.
Par une mise en scène moderne, le réalisateur indien Vasan Bala nous emmène avec heurts vers une confrontation finale annoncée, mais qui n'empruntera aucun des chemins attendus. Peu intéressé par l'intrigue policière, le scénario la laisse souvent en toile de fond pour dépeindre le mal-être de ses trois personnages, issus de milieux différents, mais tous à la recherche d'un contact véridique avec l'autre, comme d'une vie meilleure.
Choisissant de montrer une ville nocturne où la drogue est quasiment partout, le réalisateur utilise la caméra à l'épaule, pour mieux donner la sensation d'une fuite, amplifiant au passage les bruits de souffle ou de coups, lorsque la violence exutoire se déchaîne. Car ici les deux hommes sont tousdeux frustrés, ayant des relations tordues avec les femmes. Le premier se prend en effet râteau sur râteau, à force de vouloir aller trop vite, tandis que le second n'accepte pas ses problèmes d'érection (il emplit les préservatifs d'eau savonneuse, histoire de donner le change...). Cherchant à éviter les problèmes plus qu'à les affronter, leur passage à l'âge adulte ne pourra se faire qu'au contact d'une tierce personne.
Inexorablement, « The Peddlers » s'assombrit, à l'image de ses personnages complexes, perdus dans le feu d'une vie en urgence, et perturbés par la pression de leurs activités réciproques. Au passionnant dénouement de l'intrigue se mêle une ambiance crasseuse des plus efficaces, le récit adoptant un faux rythme, alternant accalmies et accélérations. Drame personnel sur fond social, le premier film de Vasan Bala est un petit bijou d'action et de psychologie, qui vous rappelle que l'on ne peut s'accomplir sans avoir confiance en l'autre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur